Dans Var matin un abbé de Toulon défend la nécessité du repos le dimanche lors d’une messe du 15Août.
Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bonae voluntatis. Psaume en français: Gloire à Dieu, au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
La messe fut extraordinaire – comprenez en latin – jeudi matin dans l’église SaintPie X de Toulon, pour célébrer la fête chrétienne de Marie.
Une messe jalonnée de chants, et le plus souvent dans une langue ancienne, si ce n’est l’homélie du jour « en langue vernaculaire », sourit un fidèle. Étonnamment, en ce jeudi 15 août, le propos s’est focalisé sur la Vierge Marie et le travail du dimanche.
Selon le récit de l’abbé qui menait l’office, Marie n’était-elle pas « apparue en 1873 près de Montpellier à un vigneron, qui travaillait sa terre un dimanche, plutôt que d’aller à la messe »?
Ce que « sape » la République
Pendant son prêche, l’abbé Stéphane Morin s’est porté sur un terrain sociétal, en questionnant « la France laïque et républicaine qui respecte encore le 15 août [par un jour férié], mais sape de plus en plus ouvertement le repos dominical, sous prétexte de développement économique. Ce développement est présenté comme la finalité absolue de notre société matérialiste, et la finalité de notre existence », critique-t-il.
Pour l’homme d’Église, « le respect du dimanche ne dépend pas du respect d’une croyance, mais est lié à un repos, car nous sommes fatigables. Nous sommes ramenés à notre condition de créature ».
En plus que d’être une journée dédiée au culte, le dimanche est un enjeu spirituel que le prêtre n’a pas hésité à confronter à des questions sociales.
« Syndicats ou Gilets jaunes l’ont compris »
L’abbé a ainsi cité « des mouvements aussi divers que des syndicats, la CGT etc., ou des Gilets jaunes, [qui] l’ont compris, intuitivement, même sans se référer, bien sûr, à des principes chrétiens ». Le refus du travail le dimanche ne figure pas a priori comme une revendication majeure des « gilets jaunes ». Qu’importe.
L’abbé poursuit: « Tous ces pauvres gens essaient de se révolter, de résister, de façon différente, face à une société matérialiste, de plus en plus oppressive. Ils sentent que quelque chose ne va pas, qu’ils soient chrétien ou pas ».
En conclusion, « Notre-Dame a veillé à nous rappeler cette exigence du dimanche ».
Revenant sur le chemin de la liturgie traditionnelle, dont cette paroisse
toulonnaise est l’une des représentantes, l’abbé Morin a développé le concept chrétien du dimanche, comme « le premier jour de la semaine, celui qui sera mon repos, et pour lequel la messe est mon premier devoir ».
L’ancien rite
Puis, les chants en latin et en français ont de nouveau rempli l’espace de la vaste nef carrée de l’église Saint-Pie X, dans le quartier de La Rode. Environ quatrevingts fidèles assistaient au premier office.
Le lieu est animé par la congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie, d’origine allemande, mais les messes en latin s’inscrivent dans les pas des Missionnaires de la miséricorde, communauté fondée à Toulon en 2005, qui se présente comme « attachée à l’ancien rite ». Les religieux qui ont officié sont restés majoritairement tournés vers l’autel et la Croix, dos aux fidèles.
À la sortie de la messe pourtant, personne ne voit de particularité à cette façon de célébrer l’office.
« La messe est la messe »
Le vicaire père Dominik la qualifie de « très priante et très profonde ». Une paroissienne se hâte sur son chemin et assure que « quelle que soit sa forme, la messe est la messe. Et la messe est dite ».
Est-elle comprise? Grégoire assure que oui. Le père de deux jeunes enfants, qui vient ici en famille chaque dimanche, apprécie « le missel en français et en latin, qui permet de suivre et même d’approfondir le sens du geste du prêtre ».
L’église s’est vidée, en même temps que d’autres fidèles entraient. Pour un deuxième office, en français.
Var matin, mis à jour le 16/08/2019 à 08:15 Publié le 16/08/2019 à 08:15