« Venez, rebâtissons les murs de Jérusalem ! » (Néhémie, II, 17)

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La Jérusalem en ruines que Zorobabel, Esdras et Néhémie découvrirent à leur retour de Babylone n’est pas sans analogie avec le triste état de notre pays : portes incendiées, murailles abattues, quartiers ravagés, sanctuaires rasés, population avilie, abandonnée de ses élites et méprisée de l’étranger (Néhémie, II, 13-17).

     De ce désastre, Dieu avait dénoncé depuis longtemps les causes (Ezéchiel, VII, 23-24) : « le pays est plein de jugements sanguinaires et la ville est remplie d’iniquité. Je ferai venir les plus méchants des peuples, et ils s’empareront de leurs maisons ; je ferai cesser l’orgueil des puissants, et on possédera leurs sanctuaires. L’angoisse survenant, ils chercheront la paix, et il n’y en aura pas. Il viendra épouvante sur épouvante, et rumeur sur rumeur ; et ils demanderont des visions aux prophètes, et la loi fera défaut aux prêtres ; et le conseil aux anciens. Le roi sera dans le deuil, le prince couvert de tristesse, et les mains du peuple du pays trembleront ; je les traiterai selon leurs oeuvres, et je les jugerai selon leurs jugements, et ils sauront que je suis le Seigneur ».

     Après soixante-dix ans d’expiation, le temps de la Miséricorde sonna enfin et les Juifs regagnèrent leur patrie avec l’injonction de Cyrus de rétablir le culte à Jérusalem. Telle fut l’oeuvre principale de Zorobabel qui restaura le sacrifice quotidien avant même d’avoir jeté les fondements du temple (Esdras, III, 6). Et ce n’est qu’après le rétablissement de la discipline ecclésiastique dans sa stricte observance que s’amorça l’érection du sanctuaire.

    Esdras avait, quant à lui, « préparé son coeur pour étudier la loi du Seigneur, pour exécuter et enseigner dans Israël des préceptes et des ordonnances » (Esdras, VIII, 10). Il se voua donc durant des années au « réarmement spirituel » de la population par l’enseignement et l’exemple de la foi et de la morale (Esdras, VII, 25). Alors vint le temps de Néhémie, qui récolta ce que ses prédécesseurs avaient patiemment cultivé. Le redressement spirituel de Jérusalem rejaillit enfin dans l’ordre politique : « se réjouissant de voir les prêtres et les lévites à leur poste » (Néhémie, XII, 43), les Juifs, réconciliés avec Dieu et eux-mêmes, rebâtirent les murs de la cité, une main à l’ouvrage, l’autre sur l’épée.

     Cet épisode glorieux de l’Histoire Sainte nous enseigne la démarche politique véritablement féconde, à rebours de l’agitation militante savamment entretenue en France ! Quelle que soit la cause, on nous trouve toujours de nouvelles raisons de courir. Pardon ! de nous « mobiliser ». Vous devez aujourd’hui sauver la France comme vous deviez hier sauver l’église Sainte-Rita de Paris, quitte à sacrifier des vacances méritées avec votre famille à l’autre bout du pays : « c’est maintenant ou jamais » (La Manif pour Tous), « avant qu’il ne soit trop tard », car « nous ne pouvons plus attendre » (Pétition Vos couleurs) : signez en bas à droite et embrigadez-vous derrière sainte Jeanne d’Arc, de Gaulle et les sauveurs de la Nation que l’on vous désignera, sous peine de passer pour des « couards » aux yeux de la « droite conservatrice » (Boulevard Voltaire 14 septembre 2016 – Vos couleurs : parce que cette présidentielle est la dernière avant la  tempête).

     Zorobabel, Esdras et Néhémie ne nous ont-ils pas montré que c’est la prière qui édifie les églises, la sainteté qui affermit les peuples ? Si un sanctuaire s’effondre c’est que ses fidèles « naturels » l’ont depuis longtemps déserté : Dieu s’est juste lassé de les y attendre. Il y aura toujours assez d’églises et de prêtres pour les catholiques fervents mais pour étendre à nouveau sur la France son blanc manteau, point besoin d’actions spectaculaires, d’agitation médiatique sans lendemain. Que chacun investisse à nouveau son église paroissiale, ne serait-ce qu’en y allumant un cierge, en y récitant le chapelet, en y faisant sonner l’Angélus. Que l’on y rétablisse, dans ses formes vénérables, le sacrifice eucharistique, cet extraordinaire face-à-face avec Dieu ; ce qui suppose déjà que les prêtres perdent la fâcheuse habitude de se réunir pour concélébrer au lieu de se répartir chacun dans les clochers environnants. De même ne faut-il pas s’étonner que le monde tourne de plus en plus mal depuis que la Liturgie des Heures parcourt le Psautier non plus en une semaine, comme autrefois, mais en un mois. Souvenons-nous enfin que pour Mère Térésa le « plus grand malheur du monde actuel » ce n’est pas la misère, la famine, les guerres et les catastrophes de toutes sortes, mais la communion dans la main et ensuite l’avortement, le manque de respect vis-à-vis de la Personne divine du Christ entrainant inéluctablement le mépris de la personne humaine.

     Malgré 600 morts innocentes par jour, 220.000 par an, l’avortement, ce jugement sanguinaire qui emplit nos villes pour reprendre l’expression d’Ezéchiel, n’est pas considéré par les « catholiques aconfessionnels » de la Manif pour Tous comme une priorité politique puisqu’il n’en est nullement question dans les quarante propositions du mouvement pour 2017. Ce sujet fut également occulté au Rendez-vous de Béziers comme un obstacle à l’unité des droites ! L’important est d’être unis, du moins d’en donner l’apparence numérique car « depuis les manifs pour tous, preuve a été faite que nous autres, piétaille dite « de droite conservatrice » ontologiquement docile, n’avons pour nous que notre nombre » (Boulevard Voltaire, ibidem). Voilà bien le drame de ces catholiques conservateurs, de ces chrétiens démocrates, obnubilés par l’échéancier électoral qu’on leur impose ! Ils se confient davantage dans leur nombre que dans le secours de Dieu ; un Dieu, pourtant maître du temps, le temps du châtiment comme de la Miséricorde.

     Si mon peuple m’écoutait,

si Israël marchait dans mes voies,

en un instant j’humilierais ses ennemis,

et j’appesantirais ma main sur ses oppresseurs.

(Psaume LXXX, 14-15)

L’abbé

A suivre

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Conférence le 8 octobre 2016 à Briant

Terre et Famille

en Brionnais

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Samedi 8 octobre 2016 à 20h

salle communale de Briant ( Saône et Loire)

Présentation du nouveau livre de Stéphanie Bignon :

« La chasteté ou le chaos ? »,

préface du Professeur Pierre Magnard, éditions via romana

Puis, conférence de Régis Sorlin :

« Anzy-le-duc : les noces de Dame Veuve »

L’Eglise Romane d’Anzy-le-Duc (fin XIe-début XIIe) a conservé l’intégralité de ses modillons et de ses chapiteaux sculptés. Sur la route de Saint Jacques de Compostelle, les pèlerins s’arrêtaient dans les prieurés d’étapes où ils suivaient les parcours spirituels propres au prieuré.

Les sculptures leur devenaient claires et logiques et mille ans plus tard le message spirituel écrit dans la pierre nous est restitué…

Après la conférence, Terre et Famille vous invite à prolonger la discussion autour d’un buffet.

terreetfamille@gmail.com
terre-et-famille.fr