7e épisode de la Vie sans contact – Journal d’Italie

La plupart de nos amis italiens ont cédé à la propagande et se sont fait injecter la potion délétère à base d’ARN messager. Chacun a pris son temps, chacun a trouvé son excuse, quelques-uns ont choisi le mensonge.

La situation était très tendue. Nous étions catalogués comme des gens désobéissants et égoïstes. Tous les jours, nous le prouvions en n’entrant pas dans tel ou tel bâtiment public. Comment les fidèles du régime allaient-ils nous traiter?
Nos voisins roumains, qui mettaient leurs enfants à la même école que les nôtres, étaient je l’ai dit très paniqués. Le père, surtout, qui, bien que souffrant d’une maladie du coeur, ne voyait ni le jour ni l’heure de se faire injecter. La mère est restée quelques semaines dans notre camp mais, sous l’influence probable de son mari, a un jour cédé. Nous avions pourtant pris le temps de parler sur le chemin de l’école, et elle semblait inquiète des conséquences de ces injections et de la politique covidiste en général. Nous avions même déjeuné un jour ensemble, et elle semblait bien informée. Cependant, chaque conversation se concluait par un « je ne sais pas, on va bien voir », qui n’augurait rien de très solide quant à ses décisions. Car, pour nous, c’était déjà tout vu. Un jour, donc, au détour d’une conversation téléphonique au sujet d’un devoir de musique de son fils, elle m’informa qu’elle avait pris la décision de se faire piquer. J’ai vite renoncé à la dissuader. Le mari la travaillait sans doute au corps. Je lui ai dit : « c’est ton choix ». Elle répondit : « on verra bien ». Je ne sais depuis ce qu’elle est devenue.
Mes amis Chiara et Marco, chercheuse et avocat, ont très vite obéi aux ordres du parti. « C’est pour se protéger et protéger les autres », nous dirent-ils. A la sortie d’une messe, ils étaient là pour nous saluer. Puisqu’ils me demandaient comment nous allions, j’ai répondu que nous n’allions pas très bien, que cet apartheid était insupportable, que nous avions l’épée de Damoclès d’une suspension au-dessus de nos têtes, que nous faisions plus partie de la société selon leur premier ministre, que certains nous vouaient au napalm. Avec le recul, je ris de ces injures, mais sur le coup, l’angoisse était réelle et la vie de tous les jours insupportable. Je leur ai dit que ce produit était en cours d’expérimentation, qu’ils étaient donc des cobayes, ce que je ne souhaitais pas. Marco me répondit : « Mais alors vous devrez payer pour vos soins d’hôpitaux! ». Mon sang n’a fait qu’un tour. « Ah bon! Déjà, moi, avec mes impôts, je paie pour tes foutus vaccins, et on ne m’a pas demandé mon avis! Ensuite, si l’on suit ta logique, il ne faut plus accepter à l’hôpital ni les fumeurs, ni les drogués, ni les alcooliques, ni les suicidaires. C’est de leur faute! Et enfin, es-tu bien sûr de rester chrétien en disant cela?? ». Fin de la discussion. Il était inutile d’aller plus loin. « C’est mon choix », dit-il. « Très bien, et moi c’est le mien ».
Avec Chiara, j’eus un jour quasiment une dispute. Elle avait du mal à comprendre que je ne puisse pas aller ici et là selon mes désirs. « Eh non, je n’ai pas de pass, Chiara, je ne peux pas faire tout ça ». Puis je l’interrogeai sur son usage du pass. Je lui dis franchement, lui exprimant toute ma douleur, que voir des gens, des amis, utiliser ce pass me révoltait, me décevait, me blessait profondément. Nous avons discuté je crois trois ou quatre heures ensemble et elle dut être épuisée. « À chaque fois que tu utilises ton pass, pour prendre ton train, aller au musée, à la poste, en vacances, etc., n’es-tu pas en train de voter pour ce système de discrimination? N’es-tu pas en train d’y apporter un plébiscite? Sais-tu quelle est la vie de ceux qui n’en ont pas? Et je ne parle pas de nous, qui somme toute vivons encore à peu près bien, mais de ceux qui se retrouvent à la rue, sans emploi, sans revenu, avec des enfants sur les bras? » Elle me répondit qu’elle n’approuvait pas ces mesures, qu’elle avait fait ce « vaccin » pour des raisons médicales uniquement, et que puisqu’elle avait un pass elle l’utilisait. Bref, la banalité du mal. Je lui dis que j’aurais apprécié une vraie solidarité (autre que d’aller pour moi à la poste) et une vraie opposition publique. Ce fut trop pour elle. Elle me dit que « pour notre amitié », il fallait faire attention à ce que je disais, que j’étais dure. Il y eut une période d’incertitude entre elle et moi, mais, je jour de Noël, elle vint avec Marco nous apporter un Pandoro de la meilleure boulangerie de la ville. Nous avons ensuite évité de parler de Covid, ce qui facilitait les échanges mais créait un tabou gros comme un éléphant au milieu du couloir.
Deux amis très chers me déçurent amèrement, chacun dans son style propre.
Paolo, mon professeur de viole devenu ami, chez qui nous avions déjeuné une fois ou deux en été, chez qui j’étais allée jouer plusieurs fois avec Marco, et qui venait chez moi, à la bonne franquette, me donner des cours. Un jour que nous avions cours, il m’envoya un message en mauvais français me demandant un test. Je crus ne pas comprendre. D’abord, il était vacciné, alors que craignait-il de moi? Si son truc marche, il ne devait pas avoir peur. En fait, il avait cédé à la propagande qui faisait de nous des dangers publics, quelles que soient les circonstances. Il ne fallait plus nous côtoyer avant que nous nous soyons conformés, c’était cela le message, et cela n’avait rien de sanitaire. J’ai relu plusieurs fois le message : c’était bien un chantage : soit je brandissais un test négatif sur le pallier de ma porte, soit il ne franchissait plus ce pallier. Je lui ai répondu qu’il était le bienvenu chez nous comme d’habitude et sans condition, mais que s’il avait peur, eh bien, qu’il ne vienne pas. Il n’est pas venu, prétextant ses responsabilités par rapport aux élèves du conservatoire, à sa famille (tous vaccinés donc théoriquement protégés), etc. Je ne l’ai plus jamais revu, mais il m’a écrit plusieurs fois pour prendre de mes nouvelles et dire que nous avions passé de beaux moments musicaux ensemble… J’en garde de mon côté un souvenir amer.
L’autre amie dont l’attitude m’a déçue est Anna, notre voisine. C’est une dame d’environ 75 ans, dynamique, musicienne, polyglotte, guide touristique, catholique cultivée. Elle était devenue une grand-mère pour les enfants, et, le samedi soir, nous dînions souvent ensemble, chez elle ou chez nous. Nous avons même passé des vacances à la mer ensemble. Pendant un certain temps, elle a refusé l’injection. Elle fréquentait une petite communauté de Franciscaines résistantes qui la confortaient dans ce choix. Puis, un matin, elle est venue m’informer de son désir de se faire piquer, par honnêteté envers nous. Je lui ai dit d’attendre, de ne pas faire de bêtise, qu’il valait mieux se priver de chant quelque temps que d’en être totalement empêchée ensuite par un handicap, ou pire… Elle opina. Nous en sommes restées là. Le sujet ne fut plus abordé. Cependant, son port intempestif du masque me faisait douter de sa résistance. La supérieure du monastère qu’elle fréquentait lui avait pourtant dit que ce masque la rendrait malade. Puis, j’appris qu’elle prenait bus et trains, qu’elle se rendait à Rome pour un concert, logeait dans une communauté religieuse (soumise au pass), reprenait ses visites touristiques… « Mais, dans le train, Anna, on ne t’a pas demandé de pass? », demandai-je un jour naïvement. « Non… ». Aujourd’hui Anna est bloquée chez elle. Depuis deux mois une veine de sa jambe est bouchée.

6e épisode de la Vie sans contact – journal d’Italie

Il me restait l’Église.

Je confiai mon désarroi à trois prêtres de la paroisse que je fréquentais. L’un après l’autre.

Don F., rencontré dans la rue, me demanda comment nous allions. J’ai dit : mal. La réponse évidemment le surprit. J’ai dit que nous étions en sursis, que nous risquions d’être expulsés d’Italie. Je ne pouvais plus rentrer dans l’école des enfants. Mon mari risquait de perdre son travail. Tous les travailleurs d’Italie doivent être vaccinés ou présenter un test négatif pour pouvoir travailler (tarif des tests : 250 euros par mois). Les plus de cinquante doivent être vaccinés sous peine d’amende. J’ai dit : comment voulez-vous que ça aille? Pour lui, évidemment vacciné, cette histoire semblait rocambolesque. Les gens soumis ne se rendent pas compte de ce que les autres vivent. Et s’ils l’apprennent, le plus souvent ils disent : mais alors, faites-vous vacciner et vous serez tranquille! J’ai demandé au prêtre :

– Que ferez-vous si l’on vous demande de contrôler les pass à l’entrée de votre église? Que ferez-vous si l’on vous oblige à n’autoriser que les personnes vaccinées?

– Non, ce n’est pas le cas, heureusement. On laisse entrer tout le monde.

– Pour l’instant oui, mais que ferez-vous si l’on vous demande de refuser les non-vaccinés dans votre église?

Déjà les non-vaccinés ne pouvaient plus entrer dans les églises pour les concerts de musique sacrée qu’il pouvait y avoir. N’était-ce pas hypocrite?

Il ne sut quoi répondre.

Ce fut une phrase commode et pleine d’espoir qu’il débita machinalement.

– C’est déjà le cas au Canada, vous savez. Seuls les vaccinés peuvent entrer dans les lieux de culte. Vous trouvez ça normal? Vous pensez que les sacrements ne s’adressent qu’à ceux qui obéissent au gouvernement ?

– Non…

J’appris plus tard qu’un évêque local avait écrit dans un journal qu’”un bon chrétien doit se faire vacciner”. Je croyais quant à moi qu’un bon chrétien était quelqu’un qui aimait Dieu et son prochain.

Don F. fut malgré tout un peu ébranlé par notre conversation. Mais, une fois de plus, le malaise fut sans doute mis sur le dos des états d’âme d’une femme sensible qui exagère beaucoup. Il dit qu’il prierait pour nous. Soit.

Le deuxième prêtre me reçut dans la sacristie. C’était un matin. Je rentrais de l’école et j’étais à bout. Des déclarations avaient été faites par Draghi selon lesquelles “les non-vaccinés ne font plus partie de la société”. J’ai dit au prêtre :

– Je vois d’ici les camps.

Il ne dit rien. J’avais cette fois affaire à un homme empathique.

Je lui demandai s’il y avait des discriminations justes et des discriminations injustes. Il répondit non, tout rejet est en soi mauvais, quel qu’en soit le motif.

J’ai demandé :

– Pourquoi devrais-je faire allégeance à Nabuchodonosor? Qui est mon maître : l’État ou Dieu? Et Dieu ne m’a-t-il pas donné une conscience, que l’Église est censée respecter?

– Si. Vous avez raison.

– Alors pourquoi l’Église se plie-t-elle à Nabuchodonosor? Pourquoi vous vaccinez-vous tous? Pourquoi les masques dans les églises? Les hosties au goût de gel hydro-alcoolique, franchement, je n’en peux plus.

Il était désemparé.

– Pourquoi vous, hommes de Dieu, ne réagissez-vous pas? Pourquoi laissez-vous des gens dans le malheur ? Vous ne savez pas que des milliers de personnes sont jetées dans la rue comme des moins que rien, privées de leur travail sous prétexte qu’ils estiment ne pas devoir recevoir cette injection expérimentale ? Ne vous sentez-vous pas responsable ? Ne croyez-vous pas avoir un mot à dire, au sujet de la charité ?

Il eut une bonne réaction, et je rentrai chez moi relativement en paix, ne serait-ce que d’avoir vidé mon sac.

Quelque temps après, j’appris que le président de la région Campanie avait déclaré que, “pour les non-vaccinés, il ne reste plus que le napalm”. Un médecin de Palerme déclara plus tard que “pour les non-vaccinés, il faudrait bien des camps de concentration”.

“Mais ça, c’était les lois d’Hitler”…

Quelqu’un m’apprit que, non content d’appliquer l’apartheid au Vatican, le pape avait affirmé que les non-vaccinés étaient des “négationnistes suicidaires”.

Nous étions à la veille d’une fête consacrée à “l’unité de l’Église”. Le prêtre (un troisième) appela donc à prier pour cette unité. Venant d’apprendre l’injure qui nous était faite par le pape, je ne pus me retenir d’aller parler au prêtre à l’issue de la messe. J’étais passablement énervée.

– Voici ce que dit le Pape.

Je répétai la somptueuse formule.

– Comment pourrais-je prier pour l’unité entre catholiques, protestants et orthodoxes quand le chef de ma propre Église me crache au visage?
– Il ne vous crache pas au visage.
– Bien sûr que si.

Si j’insistais à ce point pour parler à ces prêtres et à ces religieuses, c’est parce que je croyais encore, envers et contre tout, qu’ils étaient dépositaires d’un enseignement supérieur, d’une vision unique, parce que divine, de l’être humain.

Après quelques paroles tendues de part et d’autre, il me répondit :

– L’Église a toujours obéi à l’État.

Première nouvelle! Les martyrs des premiers siècles seront ravis de l’apprendre.

Il se dirigeait vers la porte, m’invitant clairement à sortir. Je ne pus contenir mes larmes. Il me dit de prier.

– Prier, prier, c’est trop facile! Je veux des actes! J’aimerais des prises de position.

La femme hystérique avait encore frappé. On s’écarta de moi, on alla ranger les ustensiles de l’autel, sans même un au-revoir. J’eus droit à un sourire de commisération de la part de la dame du catéchisme.

– Les gens ont l’esprit chamboulé avec tout ce qui se passe, vous savez! Il ne faut pas leur en vouloir!

– D’accord, mais le pape! N’est-il pas censé prôner la paix, être au-dessus de tout ça ?

Pas de réponse.

Je ne remis plus les pieds dans cette église. Je n’avais plus vraiment de refuge.

Une française en Italie

5e épisode de la Vie sans contact – journal d’Italie

Le jour où les premières mesures de discrimination des non vaccinés furent appliquées (avec des tolérances partielles pour les “testés négatifs”), je me réveillai avec un sentiment d’angoisse. Une boule s’était nouée dans mon ventre et elle enflait à mesure que mes pas me conduisaient à l’école. Partagée entre la peur, la colère et l’espoir en un reste d’humanité, je tenais la main des enfants sans pouvoir leur adresser la parole. Les palais aux façades sculptées, les fresques colorées, les statues, l’ocre des murs, les niches abritant des petites Mères de miséricorde, qui m’avaient si longtemps enchantée, étaient noyés dans un brouillard. Plus rien n’avait de goût.

Une seule question me hantait : allais-je vraiment devoir rester à la porte? Cette école catholique, qui prône l’accueil de tous, allait-elle vraiment me rejeter, me trahir, m’arracher mes enfants à l’entrée, me regarder comme intouchable? La perspective d’un “oui” me faisait littéralement trembler. Ce “oui” n’aurait pas seulement signifié le rejet de ma propre personne, mais le reniement abject des bases mêmes du christianisme : le rejet du rejet.

Mon coeur battait à tout rompre quand j’ai franchi avec les enfants le porche d’entrée. Une employée de l’école, en petit tablier bleu, contrôlait effectivement les “pass”. Elle pointait aussi son pistolet-thermomètre sur le front des bambins. Quel geste atroce! À quoi habituait-on les enfants? Mon tour arriva.

– Green pass?

– Non. Mais j’ai une attestation médicale disant que je ne peux pas recevoir ce vaccin.

– Ah, bon, je ne sais pas… Il faut que je demande…

Je suis entrée par effraction. Telle fut du moins mon impression. La secrétaire rappliqua immédiatement. Elle qui m’appelait depuis plus d’un an son amie. Elle semblait vouloir se saisir de moi, qui étais déjà devant la porte de la classe de ma fille, âgée de 3 ans. Je fis voir mon certificat.

– Ca ne suffit pas, me dit-elle, tu dois avoir un pass. Il faut aller au centre de vaccination. C’est compliqué d’avoir une dérogation. Ca ne suffit pas, ton papier. C’est un médecin français? Non, ça ne va pas. Tu ne devrais pas être rentrée. Tu n’as pas le droit, c’est injuste par rapport aux autres.

Injuste par rapport aux autres ? À ce stade, j’étais en pleurs. L’institutrice eut pitié de moi et me prit par l’épaule.

– Ce la faremo, on va y arriver, me dit-elle.

Et elle m’expliqua que nous pourrions communiquer à travers le couloir, par des gestes ou des messages écrits. Quelle simplicité, en effet.

La secrétaire me raccompagna à la porte comme si j’étais une criminelle, devant le regard des autres parents, munis du « pass ».

Je ne pus jamais plus remettre les pieds à l’intérieur de cette école catholique.

Par la suite, il y eut quelques journées “portes ouvertes”, ce qui me fit bien rire. Car les portes n’étaient ouvertes qu’aux détenteurs de ce fameux sésame, sorte de carte du parti octroyant des privilèges au parfait citoyen.

Au cours de cette affreuse journée pendant laquelle je pleurai sans discontinuer ou presque, je réalisai que je ne pouvais plus entrer non plus dans un magasin non alimentaire ou pharmaceutique, ni même utiliser les transports en commun. Les bars et restaurants nous étaient interdits depuis longtemps déjà, tout comme les piscines, les centres de sport, de musique et de danse, mais à présent notre vie devait quasiment se cantonner au domicile. Je ne pouvais plus emmener mon fils en bus à son cours de piano. Ni aller chez la coiffeuse. Ni au musée, bien sûr. Ni au concert. Ni à l’hôtel si nous devions voyager quelque part.

Le lendemain, j’accompagnai les enfants à l’école dans un élan d’immense colère. Des arguments se massaient dans ma tête depuis mon éviction de la veille. Je ne voyais aucune raison valable à ces humiliations qu’on me faisait subir, et ce devant mes propres enfants, qui devaient voir chaque jour leur mère traitée comme une pestiférée. Ces arguments, philosophiques, bibliques, politiques, de simple bon sens, avaient besoin de s’exprimer, sous peine de me faire exploser la cervelle.

Je devais parler aux religieuses. Elles seules pourraient peut-être encore m’entendre. Inutile de discuter avec l’administration. L’administration “obéit”. Elle ne fait “que son travail”. Elle “respecte la loi”. C’est bien connu.

Ma voisine, qui venait de déposer ses enfants à l’école et qui était alors dans le même cas que moi, me croisa sur le trottoir.

– Ca va? Tu es sûre ?

Il paraît que j’avais une sale tête.

– Calme-toi, d’accord ?

– D’accord.

Mais je ne me calmai pas.

J’ai déposé les enfants à la porte, les confiant à la femme au pistolet. Je précise que j’ai refusé que l’on pointe cet étrange thermomètre sur le front des enfants. Le poignet ou le bras suffisaient. C’était même déjà trop. Et puis je suis allée dans le bureau d’accueil vitré dans lequel se trouvaient deux vieilles religieuses.

– Puis-je vous parler?

Immédiatement, je fus décomposée. Décomposée mais animée d’une force étrange, celle que m’avaient donnée tous mes arguments anti-discrimination martelés et remartelés pendant 24 heures.

Les religieuses, je crois, eurent un peu peur. Peut-être me prirent-elles pour une folle, ou pour une femme fragile en pleine crise de nerf.

J’ai demandé si elles trouvaient normal qu’on laisse des personnes, des parents d’élèves de leur école soi-disant accueillante et que l’on payait d’ailleurs assez cher tous les mois, à la porte d’entrée? Est-ce que Jésus aurait accepté cela?

– Non, c’est sûr que non, me dirent-elles.
– Eh bien alors? Pourquoi appliquez-vous ces règles injustes? Vous n’avez qu’à faire semblant de les appliquer, si vous craignez tant que ça la police.

J’ai dit encore beaucoup de choses, tout ce qui me passait par la tête, j’ai même mimé l’action de planter des clous dans les poignets et les pieds de Jésus, en leur disant : voilà ce que vous faites. Un peu rude, comme manière de s’adresser à des religieuses, j’en conviens. Mais aujourd’hui je ne renie pas ces propos. C’est bien le Christ qu’on crucifie. J’ai dit que nous étions comme les Juifs dans les années 30 en Allemagne. Là, en revanche, ça n’est pas passé du tout. Elles me répondirent, outrées :

– Mais ça, c’était les lois d’Hitler !

Sous-entendu : on ne peut pas comparer !

– Mais peut-être bien qu’à l’avenir nous dirons : mais ça, c’était les lois de Draghi!

Et l’on crachera sur sa mémoire avec le sentiment de faire partie du camp du Bien.

À la fin, elles m’ont demandé de me calmer et proposé de prier avec elles. J’ai eu beau insister pour qu’elles arrêtent d’appliquer ces protocoles, elles n’y ont pas consenti. Elles se sont cachées derrière l’administration et suggéré que j’aille parler à la directrice. Vu le traitement réservé la veille par la secrétaire mon amie, j’ai préféré éviter la directrice.

La colère a duré des semaines entières puis s’est calmée progressivement. On s’habitue à tout. C’est bien là le drame.

J’échangeais avec les institutrices, de temps à autre, en leur parlant par la fenêtre ou en leur écrivant des petits mots. Mes enfants ont gagné en autonomie, n’étant pas accompagnés dans leur classe par leur maman.

Un jour, je ne sais pourquoi, la colère est revenue à la manière d’un tsunami. J’ai abordé Suor F., l’une des religieuses avec qui j’avais sympathisé l’année précédente.

 Suor F. contrôlait les “Green Pass”. Elle gardait la porte de l’école bien close. Je lui dis :

– Vous trouvez vraiment normal que je reste ainsi dehors? Vous croyez vraiment que je suis dangereuse?

Sa réponse me stupéfia :

– Mais on ne peut pas laisser entrer tout le monde!

Ca alors! On ne peut pas laisser entrer tout le monde. Pour une religieuse, c’était un peu fort de café. Ou alors j’avais manqué un épisode.

Était-ce un bon exemple à donner aux enfants? Signifier concrètement qu’il y a des gens purs, qui peuvent rentrer, et d’autres, impurs, que l’on traite comme des chiens. C’était ça, leur enseignement?

D’autre part, quelle était la suite du programme, comptait-elle l’appliquer aussi? Des camps de concentration, peut-être, pour être bien sûr qu’on ne contamine personne?

Elle fut très agacée.

Je lui dis :

– Jésus a touché et guéri les lépreux. Vous pensez qu’il accepterait de tels agissements?

Elle manifesta son impatience par un geste de la main, l’air de dire : ne me parlez pas de ce type-là. Fâchée, elle ne m’adressa plus la parole et s’enferma dans son bureau vitré, seule avec son masque sur le nez.

L’auto-contamination est semble-t-il possible.

Cette école, avec sa communauté de religieuses, avait été pour moi, lors de mon arrivée en Italie, une sorte de refuge. Il y avait là, croyais-je bêtement, des personnes motivées par autre chose que “le monde”. Des personnes qui savaient mettre Dieu et l’humain au centre de leur vie. J’y avais noué des amitiés et d’agréables relations. J’étais trahie.

Une française en Italie


Journal de bord d’une française en Italie, épisode 4.

 

Le temps a passé. Les deux jeunes femmes ont fermé leur café. Je les ai croisées hier. Elles ouvrent une boutique ailleurs, cette fois dans l’alimentaire. En cas de nouveau « lockdown », m’ont-elles dit, on ne devrait pas les contraindre à fermer. On ne ferme pas les « commerces essentiels ». Speriamo, m’ont-elles dit, fumant une cigarette à la porte de leur café vide. Je ne les verrai sans doute plus, car c’est ailleurs qu’elles s’installent.
La veille, je me suis rendue à l’anniversaire d’une camarade de classe de mon fils. Elle fêtait ses six ans. Le goûter avait lieu dans le hall d’entrée de l’habitation des parents, un palazzo du XVIIIe siècle. Les mamans parlent entre elles. Toutes ont retiré leur masque. Ici, il n’y a pas de flics. On parle bientôt du sujet phare : le covid et ses conséquences. L’une nous dit que son mari, atteint d’un cancer en phase 3, s’est vu imposer sur son dossier la mention covid. C’est rien, le cancer, c’est sûr. Le covid, même non décelé, est tellement plus important. Une autre, pharmacienne, renchérit : sa mère morte la semaine dernière est supposée avoir été emportée par le covid. Cette même pharmacienne et son mari ont dû se faire vacciner, de force. Après avoir d’abord refusé, le conseil de l’ordre des pharmaciens italiens les a menacés de fermer leur officine. Pour ne pas se retrouver à la rue, ils ont dû céder. Trois filles à charge, évitons de jouer les rebelles. Une autre raconte la manière dont s’est passé un récent mariage : contrôle des tests à l’entrée, certains restés dehors. Rosita, la pharmacienne, a le regard doux et un peu résigné. Elle est croyante et s’en remet à Dieu. Que seront les conséquences de ces vaccins dans 20, 30 ans? Nos enfants auront-ils la force d’affronter ce qui risque de se produire alors? Ils sont là, nos enfants, courant après des ballons multicolores sur le carrelage en terre cuite patiné par le temps. C’est bien que nous nous soyons enfin rencontrées, dit Rosita. Avec tous ces événements, les parents d’élèves n’ont même pas pu faire connaissance. Et pour se retrouver sans devoir montrer patte blanche à qui que ce soit, les parents ont choisi pour lieu de fête l’entrée sombre, quoique sublime, de leur immeuble du centre-ville. Le covid a tué la société, lâche soudain Mira, une Russe en courte robe moulante et aux lèvres refaites. Toutes les femmes présentes sont d’accord. Ils ont tué la société. La petite souffle fièrement les bougies de son gâteau d’anniversaire. Six ans!  Speriamosperiamo qu’en septembre, les choses ne vont pas recommencer. Oh si, certainement, déclare la femme du cancéreux, le teint rendu livide par la fatigue. C’est comme pour les guerres mondiales, on en a pour 5 ans. Je réalise que tous, ici, ce petit groupe de parents réunis à l’abri des pierres fraîches et silencieuses, sont unis par un secret commun : le covid nous tue, mais pas comme le disent les médias.
À la fin de la fête clandestine, où pas un « geste barrière » n’a été respecté, les femmes et leurs enfants sortent dans la rue par petits groupes et, rejoignant l’animation de la ville, remettent leur masque.
Speriamo.

Journal de bord d’une française en Italie, épisode n°3

…Deux ou trois jours plus tard, un dimanche, je me rendis à la même église, pour une messe du soir. Le prêtre qui officiait était Don Fabio, homme élégant toujours vêtu d’une soutane.
Il débuta son sermon par une réflexion d’ordre général sur le sacré et le profane dans les religions anciennes. Le sacré, c’est ce que l’on ne touche pas, c’est ce que l’on tient à part, ce qui est réservé. Le profane, c’est le reste, la vie quotidienne, ce qui relève du banal voire de la saleté. Le profane et le sacré ne se mélangent pas. On ne peut pénétrer le domaine du sacré sans avoir soi-même été consacré. Pénétrer le sacré en étant impur, ce serait profaner. Seuls les prêtres sont autorisés à côtoyer le sacré. Tout cela est clair, les choses sont bien distinctes. Le ciel et la terre sont des réalités bien séparées, et l’ordre de l’univers ne se maintient que dans cette stricte séparation. Cela, c’était avant Jésus-Christ, nous dit Don Fabio.
Le Christ introduisit en effet un nouveau baptême, une nouvelle conception des choses. Il n’y avait plus de séparation entre sacré et profane, car Dieu lui-même s’était fait homme. Le baptême, la vie même, n’était pas une rupture mais un passage. C’est quelque chose que l’on traverse pour en sortir complètement transformé. Il faut s’immerger dans la vie et dans ses souffrances pour s’unir au Christ et ressusciter avec lui. Il ne s’agit plus de séparer les êtres ou les choses entre ce qui est propre et ce qui est sale. Ainsi, dit Don Fabio à toute cette assemblée de fidèles masqués et éloignés autant que possible les uns des autres, la logique de la vie spirituelle est l’inverse exact de ce que nous préconisent aujourd’hui les gouvernements pour faire face à cette maladie. Ce n’est pas la « distanciation » qui nous sauvera, mais l’immersion, le contact, la traversée de toute la vie avec toutes ses épreuves.
Au moment du « geste de paix », supprimé jusque-là dans la liturgie post-covid, Don Fabio réitéra son message baptismal et demanda que l’on ose s’adresser quelque regard de paix. Beaucoup en furent surpris. J’en fus profondément soulagée. Du moins, c’était un début de prise de conscience…
Et Don Fabio récidiva quelques jours plus tard : « on ne vit pas dans un bunker, (répété 3 fois!). Si Dieu plante sa tente parmi nous, qu’il n’a pas peur de la précarité, alors nous ne devons pas imaginer non plus qu’en se planquant chez soi avec tout son petit confort nous sommes protégés de tout. Dieu ne veut pas la planque! »
Une française en Italie

La vie sans contact, Journal de bord d’une française en Italie, 2e épisode

 

Des gondoliers portant le masque à Venise (photo d'illustration).

Une semaine plus tard, je rencontre notre voisine sur le chemin de l’école.

– Come stai?
Pour toute réponse, elle fond en larmes. Dans son italien encore plus bancal que le mien, elle me demande si nous ne sommes pas fâchés, m’assure que « ce n’est pas personnel », qu’ils souhaitent juste protéger leurs enfants. Comme si nous, nous ne souhaitions pas également le meilleur pour les nôtres. Mais passons. Son émotion me submerge. J’essaie de la tranquilliser, lui demande de ne pas écouter les médias, de ne pas avoir peur. Je lui rappelle les chiffres ridicules des morts de cette « épidémie » dans la région. Sa fille de cinq ans, respirant tant bien que mal sous son masque en tissu, retrouve enfin mon fils. Ils semblent contents de se voir, sur ce petit bout de trottoir. Mais la rencontre est de courte durée. Notre voisine s’apprête à la garder enfermée chez elle une semaine de plus, pour respecter le « délai de contagion ». Elle découvrira même bientôt que passé 5 jours d’absence, la gamine devra subir un examen médical pour garantir qu’elle est assez saine pour retourner à l’école. C’est sans fin. Quoi qu’il en soit, les larmes coulent, ma voisine est à bout de nerfs. Je commets alors un crime éhonté : je la prends dans mes bras et l’embrasse sur la joue. Je lui répète de ne pas avoir peur. Elle s’en va. Elle doit récupérer le grand à l’école. Ce dernier a eu la chance de ne pas avoir eu de parents d’élèves « en contact avec un cas positif ». Du moins ses parents l’espèrent-ils. Je poursuis mon chemin avec les enfants. Mon fils me demande pourquoi la petite voisine ne va pas à l’école. Pourquoi, en effet? Je lui dis que ses parents ont peur de la maladie. Il répond qu’il est amoureux d’elle. Nous marchons. J’essaie de changer de sujet.
Chamboulée moi aussi par tout cela, je m’arrête devant le café qui jouxte notre immeuble. Ce café est tenu par un jeune couple de lesbiennes. L’une est restée féminine, l’autre est un vrai petit camionneur. Elles ont investi toutes leurs économies, ont fait un emprunt pour pouvoir développer leur propre affaire et ne plus avoir à travailler, comme elles le faisaient jusque-là, dans un supermarché sans âme (pléonasme). Bien mal leur en a pris! Je m’inquiète pour elles, je décide de leur parler. Je n’ai jamais eu avec elles que des échanges superficiels. Il est temps que ça change.
– Come state? 
C’est la plus féminine qui est sur le pas de la porte. Elle se tourne vers moi, les yeux pleins de larmes. La fatigue, le découragement, l’inquiétude, le désarroi se lisent sur son visage. Elle s’appelle Giada – Jade, et ses yeux ont effectivement cette couleur. Nous nous parlons de coeur à coeur, le masque sur le menton. Elle me raconte son désespoir, ne comprenant pas la peur des autres commerçants de la ville qui souhaitent obéir au décret exigeant la fermeture des bars et restaurants à 18h.
– Si nous sommes les seules à rester ouvertes, les flics nous mettront une amende. Que faire? Mais de quoi ont-ils peur?
De quoi ont-ils peur? De la force. De la force injuste des bras armés qui nous gouvernent. Des larmes tremblotent à la lisière de ses cils. Son khôl s’échappe. Je lui laisse mon numéro de téléphone – s’il y a une manifestation, ou quelque chose, qu’elles me tiennent au courant. Je rentre chez moi avec les enfants qui innocemment me font voir leurs derniers desseins.
Deux jours plus tard, c’est moi qui n’en peux plus. Je m’effondre à l’église pendant une messe matinale. Un torrent de colère et d’écoeurement s’échappe de moi. Quand les gens sont partis, je vais trouver ce jeune prêtre que je connais un peu, dans la sacristie. Il comprend que j’ai besoin de parler. Direction le confessionnal. Entre deux sanglots je lui explique que je ne supporte plus ce monde. Ce monde « sans contact » que même l’Église valide en faisant respecter en son sein « la distanciation sociale ». Je lui dis que ces petits signes verts qui indiquent les endroits sur les bancs où l’on a le droit de s’asseoir, aussi loin que possible des autres, que ces masques qui suppriment toute expression et tout échange humain, me révulsent au plus haut point. Sans parler des messes vides célébrées par le Pape lui-même. Je lui demande s’il comprends que c’est là une structure de péché qui est en train de s’installer, dans la Cité et dans l’Église, et pas n’importe quel péché puisqu’il s’agit ni plus ni moins du rejet de l’Incarnation. Rejet du corps : son propre corps dont on n’écoute plus les signaux (ou, en l’occurrence, l’absence de signaux, puisqu’on nous dit que l’on peut être malade sans l’être apparemment, car, c’est bien connu, la guerre c’est la paix, si bien que la santé n’est rien d’autre que la maladie, et bientôt le travail nous rendra libre, peut-être?), rejet du corps de l’autre, cet ennemi potentiel qui peut causer notre mort, rejet enfin de la venue de Dieu dans notre condition humaine. Devons-nous accepter cela? Devons-nous nous parler exclusivement par ordinateurs interposés? A quand le transfert de conscience sur un disque dur ou une clé USB? Le jeune prêtre me répond prudemment que saint Paul a dit de respecter les lois du pays où l’on se trouve. Soit. Mais je ne suis pas convaincue. J’avance l’argument du totalitarisme. J’avance la différence entre légalité et légitimité. J’avance les chiffres de l’épidémie, sans aucun rapport avec ces mesures délirantes. Finalement, il convient que j’ai raison. Nous sommes à une époque de persécution semblable à celle des premiers chrétiens. Tout passera, me dit-il. Cette persécution aussi passera. Ce qu’il faut faire, c’est d’essayer de vivre cela comme le Christ lui-même l’aurait vécue. Continuer de témoigner. Continuer de révéler aux autres le sens de cette épreuve. Que LE CONTACT entre les hommes est ce qu’il y a de plus précieux, et non cette hypothétique « santé » dont le sens exact nous échappe de plus en plus. Je quitte le confessionnal sans m’être confessée et sans être tout à fait soulagée par les paroles du prêtre. Mon sentiment de révolte n’est pas apaisé.
La vie sans contact, c’est les larmes garanties.
Une Française en Italie.

La vie sans contact – Journal de bord d’une Française en Italie, 1er épisode

 

Un dimanche soir, nous recevons une rafale de SMS de la part de notre voisin. Il faut nous faire tester! Mais non, ce n’est pas personnel, c’est juste une précaution! Vous ne vous êtes pas encore faits tester? Si j’étais vous, je le ferais. Ce n’est pas très responsable. Et le directeur du centre, il est au courant? Vous retirez bien vos enfants de l’école, demain, hein? Ce n’est pas personnel, c’est juste une précaution. Nous souhaitons protéger nos enfants.

22h30. Nous sommes épuisés. S’il a peur de « LA MALADIE », c’est lui qui n’a qu’à retirer ses enfants de l’école. Les nôtres vont bien, grazie mille.
Le lendemain, sa fille n’était pas à l’école. Elle est restée en tout plus d’une semaine enfermée chez elle, avec sa mère tétanisée. La pauvre gamine (à peine 5 ans) ne peut d’ailleurs sortir sans son… j’allais dire son voile. Sans son masque en tissu sur la bouche, qui l’empêche de respirer et l’enferme, peut-être pour toujours, dans la peur de l’autre.
Pourquoi cette pression, cette intrusion dans notre vie personnelle?
Parce qu’il y eu « un cas positif ». Mon Dieu, un cas positif. Au centre où travaillent mon mari et ce voisin. La question est : y a-t-il eu contact, b… de m…? (nous sommes un peu énervés). Souvenons-nous bien. Y a-t-il eu contact? Car il ne faut surtout plus qu’il y ait eu de « contact ». Le contact tue. Ce n’est pas encore écrit sur les boîtes de test, mais ça ne saurait tarder.
L’école sait désormais qu’il y a eu un « cas positif ». Mon fils ne peut entrer immédiatement dans la classe, rejoindre ses camarades. Pas de contact! Surtout pas! On fait appeler la directrice de l’école. Je dois promettre que mon mari n’a eu « aucun contact avec le cas positif ». Notons que ce ne sont plus des « personnes » mais des « cas positifs ». Pas de contact, il faut l’écrire noir sur blanc, et signer sur l’honneur.
Pour permettre à nos enfants de voir leurs camarades de classe et vivre une vie à peu près normale, nous nous exécutons. Mon mari envoie une « auto-certification », jurant qu’il n’y a « pas eu de contact ». Heureusement, la maîtresse a encore la tête sur les épaules et a tout de suite accueilli mon garçon dans sa classe, sans même attendre la preuve de « non contact ».
Je sors et fais une course. Je tends ma carte bleue. C’est « sans contact »!
Je comprends tout. Ils nous font une vie sans contact. Voulons-nous d’une vie sans contact?
 « Une Française en Italie »