« La Résurrection du Christ »

Unknown

Tout est accompli….”

Le film « La Résurrection du Christ » de Kevin Reynolds, évoque les derniers outrages d’un système moribond  qui, dans un ultime spasme se raccroche au Christ pour survivre encore un peu. Les auteurs de ce film sont-ils d’une gentille sincérité maladroite, témoin de l’ignorance du moment ou sont-ils délibérément anticatholiques ?

« La Résurrection du Christ » est un petit péplum hollywoodien d’inspiration protestante, intéressant par la synthèse qu’il donne de l’état de notre spiritualité. Les approximations et erreurs sont nombreuses, mais concentrons-nous sur l’une des anomalies de ce film : l’absence de femme et le traitement qui est réservé à la Sainte Vierge Marie et à Sainte Marie Madeleine.

Notre Mère, Marie, nous est présentée ou plutôt furtivement montrée sous les traits d’une hystérique à qui un centurion somme de se taire. Elle n’est pas au pied de la Croix, elle n’est pas accompagnée de Saint Jean… Qui ose traiter la Mère de Dieu de la sorte ?

Quant à sainte Marie Madeleine, elle n’échappe pas à son statut de « femme de la rue ». Tous les soldats romains la connaissent… C’en est trop !

Or, la conversion de Marie Madeleine est d’autant plus spectaculaire qu’apparemment elle n’a besoin de rien en ce monde. Marie Madeleine n’est pas une prostituée mais une femme aisée de la haute société, sœur de Lazare et de Marthe, qu’on se le dise !! Elle est belle, riche et « libre ». Riche au point de verser ce qu’elle a de plus précieux, de plus cher sur les pieds de Jésus : son parfum. Judas, le trésorier, en est effaré et considère cela comme du gaspillage. Ce parfum converti en argent aurait pu servir au pauvres.

« Or voici que Marie prend un flacon de parfum, du vrai nard extrêmement cher et elle le verse sur les pieds de Jésus ; puis elle lui essuie les pieds avec ses cheveux pendant que l’odeur du parfum remplit la maison. Intervient alors Judas Iscariote, l’un des disciples de Jésus, celui qui va le trahir : “On aurait pu vendre ce parfum pour 300 pièces d’argent, dit-il, et on l’aurait donné aux pauvres.”

En réalité, Judas ne se souciait pas des pauvres, mais il volait ; comme il portait la bourse du groupe, tout ce qu’on y mettait passait par ses mains. » ( Saint Jean 12  5).

Dans ce film Judas n’est qu’évoqué mais Marie Madeleine est soigneusement défigurée. Elle ne doit pas être ce qu’elle est…capable de tout donner pour le Christ. Pourquoi ? Serait-elle trop gênante pour un système fait d’argent et d’intérêts… ? Cela fait bien longtemps déjà que Judas le trésorier-traitre, capable de tout pour de l’argent, est sous-estimé dans ce qu’il représente de nos tentations doublées de pudibonderies, alors que Marie Madeleine est défigurée par peur de l’exigence de ce qu’elle incarne. Dans « l’affaire » du parfum, Judas retient et Marie Madeleine donne totalement. Serait-ce le désaccord annonciateur des hérésies ? D’un côté les dorures et le faste, rien de trop beau pour honorer le Christ, de l’autre la rétention à des fins uniquement terrestres et hypocritement moralisatrices. Nous avons à choisir tous les jours encore entre Sainte Marie Madeleine et Judas ! Et attention à « la tentation au nom du bien » ou en l’occurrence au nom des pauvres, comme nous en avertit Marthe Robin.

La charité toute féminine, ce sens naturel du don, aurait pu aussi paraître dans ce film à travers la « multitude de femmes » au pieds de la Croix… (Luc 23,27,28) mais il n’y a pas de femme sur la pellicule de Kevin Reynolds …

Voilà admirablement résumées toutes les souffrances de notre Eglise et de nos sociétés. Où sont ces femmes qui suivent Jésus, l’embaument, le découvrent ressuscité au matin du troisième jour….? Ce film fait de l’histoire de l’Eglise naissante une histoire exclusivement masculine. Quelle erreur ! Qu’est- ce que l’Eglise si ce n’est d’abord la Charité, symbolisée par la femme qui allaite, cette multitude de femmes qui donnent leur vie à Dieu à travers les pauvres, les malades, les orphelins, les blessés, les vieillards… ? Les femmes sont naturellement les épouses du Christ et les religieuses, trop peu nombreuses après de multiples révolutions et « libérations », nous font cruellement faute aujourd’hui dans ce monde du tout marchand, du tout argent… celui de Judas.

Nous souffrons dans l’Eglise et dans le monde de l’absence criante de considération pour cette charité incarnée dans la féminité et les hommes en sont les premières victimes. Laïcité, égalité obligent, les femmes doivent être des hommes comme les autres ou disparaître … Ce film nous embourbe d’autant plus sûrement qu’il flatte notre rétine par de belles images qui, paradoxalement, nous aveuglent et font habilement disparaître les femmes au profit d’hommes presqu’efféminés. Tout est dit ou plutôt « fini » comme le traducteur français ose le faire dire au Christ sur la Croix au lieu de « tout est accompli » … !

Si vous cherchez les causes du malaise profond du monde qui sont les souffrances de l’Eglise … ne cherchez plus… quand on méprise, à ce point, la matrice qui nous a donné la vie, le vice est à notre porte.

Ce film ne montre pas non plus le suicide de Judas qui le conduit à une mort définitive ni le pardon accordé au bon Larron qui est pour nous pécheurs, une source infinie d’Espérance…

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Stéphanie Bignon ; Terre et Famille le 12 mai 2016

3 thoughts on “« La Résurrection du Christ »”

  1. Cette manie que vous avez de nager à contre-courant ! Demandez au saumon où ça le mène de remonter ainsi à la source ! A une mort d’épuisement mais une mort donnée, une mort féconde. Bel exemple que vous nous donnez, qui tient toutefois moins de la féminité, que de la capacité d’amour propre à chaque individu, quel que soit son sexe.

  2. Cher Gubbio, oui, nous allons à contre courant du monde de Judas, sans nous épuiser puisque nous remontons à la source de la Vérité et de la Vie. La défense de la Sainte Vierge et de Sainte Marie Madeleine n’est pas une affaire d’amour propre (féminin), mais une défense de l’Eglise, outragée dans ce film. Elisabeth de Malleray, Terre et Famille

  3. Historiquement, si çà vient d’Hollywood, on peut être sûr que leurs productions n’ont pas une once de morale chrétienne, et sont même clairement anti-chrétiens parfois, « révisionnistes » etc.
    Suffit de voir comment le film de Mel Gibson avait été reçu, ou encore celui sur les Cristeros.
    Côté bouquin, lisez « Hollywood Babylon » du sataniste Keneith Angers, vous comprendrez ce que je veux dire : pour vivre dans le star-system, il faut forcément vendre son âme.
    Et pour être complet, parce que Hollywood s’est un peu installé chez nous, à Cannes, le film palestinien a été viré de la programmation, alors que le film de BHL a été rajouté à la liste (par BHL !), en cours de festival alors que celui-ci avait déjà ouvert ! Une première.

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