La première médecine est l’alimentation et donc notre bonne relation à la terre. C’est une évidence si on se laisse aller à penser, à relier les faits entre eux, à sortir des cases, des classes, des grilles, des courbes pour respirer, pour prendre le large !
Renouons les fils du temps, retrouvons l’indispensable et incontournable dépendance de tous les domaines entre eux, réutilisons nos cerveaux et remontons un peu dans l’actualité.
Il y a 50 ans les paysans déversaient des chars de fumier devant les préfectures pour exprimer leur colère mais aussi pour avertir l’opinion publique, ceux qu’ils nourrissaient. Et puis rien, ou presque, les paysans ont commencé à mourir ou à survivre en mutant en industriels de la terre, endettés et défigurés dans leur vocation.
Accablés par les banques et l’administration, ils ont commencé à se pendre aux fourches de leur tracteur dans l’indifférence quasi générale et quand ils renâclent, ils sont assassinés à l’instar de Jérôme Laronze, petit agriculteur de Saône-et-Loire tué en mai 2017 de deux balles dans le dos par les gendarmes aux ordres.
Aux paysans, le système a vendu du tout chimique et de l’hyper mécanisation allant jusqu’au robot de traite par exemple. La vache ne voit plus le paysan. Une machine s’occupe de tout et le paysan/industriel gagne du temps libre pour s’occuper de sa famille, pour les loisirs… Les loisirs sont une douce façon de nous faire admettre notre inutilité, notre obsolescence. « Occupez-vous de votre famille (que par ailleurs nous détruisons), allez au cinéma, nous, banquiers apatrides, nous nous occupons de tout pour votre bien ».
Le plan, diaboliquement intelligent, nous a maquillé l’asservissement en liberté et en bien être. Le paysan est maintenant endetté et inutile tout comme le médecin qui est remplacé par des algorithmes. Le diagnostic et les prescriptions de votre médecins de famille ne comptent plus dans ce « nouveau monde » et aujourd’hui les algorithmes ont décidé que nous étions tous malades. La santé et la liberté s’achètent en pharmacie ! Avec symptômes ou sans, notre identité sera bientôt réduite à notre marquage par « Big Pharma ».
Malade ! Oui nous le sommes devenus et d’abord de « mal bouffe » mais aussi de sédentarité, de virtuel, de fracture entre la Création et nous et entre nous.
Malade, « complètement malade », nos cerveaux à qui il faudrait de l’oxygène, nos corps qui auraient besoin d’exercices élevant l’âme et de tendresse fraternelle ne trouvent que bâillons et chaines pour tout remède.
« Le travail des hommes » c’est d’abord le travail de la terre, celui qui donne du pain, du vin et notre vraie place, notre vraie posture à la fois verticale et courbée sur l’ouvrage. Pas de pays sans paysans et pas de vrais paysans sans le retour fracassant et imminant du réel !
Stéphanie Bignon