Homélie, messe du matin …

 Avant le combat terrifiant de la Passion et de la Mort du Sauveur, celui-ci donne à ses apôtres bien-aimés l’expérience de sa gloire. Bientôt, il leur apparaîtra dans la faiblesse, l’abjection, une indicible souffrance. Ils le verront méprisé, rejeté, humilié. Jean verra son Seigneur et son Dieu rendre son dernier souffle dans la mystérieuse nuit qui lui fera dire le premier verset du psaume 30: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?
Pour les trois qui étaient avec Jésus sur le mont Thabor, cette expérience de la gloire et du témoignage du Père restera comme une lumière contradictoire avec la déchéance consentie par Jésus et qu’il avait annoncé à de nombreuses reprises, provoquant d’ailleurs le scandale chez ses apôtres.
Aujourd’hui, cette même Passion et mise à mort touche le Christ total qui est l’Eglise unie à son Chef. Dieu est rejeté de notre monde occidental, en particulier, l’ordre naturel est chassé de la société pour imposer à sa place une vision de l’homme contre nature, toutes les traces de l’emprise chrétienne sur notre société sont effacées et détruites par le wokisme – cet éveil aux ténèbres qui nient dans la violence toute forme de lumière qui pourrait conduire l’homme à son Sauveur -, les esprits de nos enfants sont bouleversés par les enseignements LGBTQ dans les écoles, nos santés sont remises dans les mains de groupes criminels multirécidivistes, condamnés à répétition par la justice, qui mentent, manipulent, pervertissent et intimident le public et les instances publiques.
Vous subissez de plein fouet les évolutions macroéconomiques qui sont en train de provoquer la destruction des PME et des entreprises familiales à une vitesse stupéfiante. C’est à dire que nos maîtres sont en train de détruire la source de l’autonomie économique sans laquelle la liberté ne peut plus s’exercer.
Cette volonté d’imposer une dictature sans précédent, basée sur une surveillance technologique qui est en train, littéralement, de faire voler en éclat toute forme de vie privée est contrariée par ce détachement de tout ce qui n’est pas l’Occident qui regarde, médusé, ces pays qui sont en train de se suicider alors qu’ils avaient la possibilité de continuer à vivre dans une opulence aujourd’hui révolue.
Cette fracture du monde, encore inimaginable il y a deux ans, représente une menace mortelle pour les gouvernants occidentaux. La remise en cause de l’hégémonie est une question de survie pour l’Occident et son maître Etats-Uniens. C’est la raison pour laquelle il s’engage dans une escalade rapide dans la confrontation militaire avec l’Etat qui, pour protéger sa survie, a refusé de se soumettre pour protéger des populations slaves qui étaient en train de se faire massacrer au mépris du droit international.
Ainsi, nous sommes en face d’une alternative qui humainement parlant ressemble au choix entre la peste et le choléra! Une dictature inhumaine qui exclura toute personne qui ne consent pas au credo blasphématoire de notre société ou une guerre qui transformera le monde en un champ de ruine inhabitable et dans lequel la Vierge Marie, à Akita, disait que les survivants envieraient le sort des morts.
Tout cela parce que nous chrétiens, n’avons pas sur affirmer la dimension sociale de notre foi, parce que nous avons toléré l’intolérable sans nous révolter et rentrer dans une désobéissance civique à un Etat qui perdait sa légitimité du fait qu’il commençait à piétiner la loi naturelle. Parce que nous avons composé avec le monde et que nous avons profité des avantages que cela nous apportait, au prix du chaos et de la misère dans les pays dont nous pillions les richesses.
Il est tard, il est très tard, mais nous n’avons plus d’autre choix maintenant que de nous recentrer sur la défense, quel qu’en soit le prix, des trois piliers: le lien avec notre Dieu et Sauveur dans l’incessante recherche de la vérité, la défense de la famille selon le cœur de Dieu comme lieu de vie et de fécondité, le lien à la terre qui donne au moindre foyer cette autonomie économique grâce à l’admirable fécondité gratuite de la terre.
Oui, aujourd’hui, il ne s’agit plus de sauver une civilisation chrétienne dont il ne reste plus que quelques lambeaux épars, le seul choix qui nous reste est celui de la sainteté: faire le bien, choisir le Christ en toute chose en rejetant toute forme de compromission, et être près à voir nos efforts réduits à rien, comme Jésus a accepté de voir son admirable œuvre apostolique être réduite à néant; accepter les obstacles, les oppositions, les attaques sans nous départir de la sérénité profonde que nous donne l’inébranlable volonté de faire ce qui plaît à Dieu, être prêt à suivre les commandements de Dieu même si les fruits visibles de cette obéissance aimante et filiale sont tous anéantis. Ce qui nous est proposé aujourd’hui, c’est le choix de la sainteté, le choix de Dieu seul comme le rappelait admirablement le Cardinal Robert Sarah.
Si nous agissons ainsi, même s’il nous semble que le mal l’emporte et que la nuit se fait de plus en plus épaisse, nous sommes les semeurs de la Résurrection qui suivra cette mort de l’épouse du Christ. Peu importe que nous soyons encore sur cette terre lorsqu’elle surviendra: nous nous réjouirons avec tous les membres de l’Eglise souffrante, militante et glorieuse de la même joie devant la manifestation glorieuse des desseins de la Sagesse divine.
Pour terminer, ne craignons rien, nous le petit troupeau du Christ, il saura dans les circonstances les plus difficiles réconforter et fortifier ses fidèles disciples, comme il a su réconforter cette jeune enfant syrienne, restée pendant cinq jours sous les décombres, dans un froid mordant et qui a été retrouvée paisible et souriante après une épreuve qui souvent marque à vie ceux qui la traversent. Les secouristes, étonnés de la voir dans cet état, lui ont demandé comment elle avait pu survivre dans ces conditions. « Une dame habillé de blanc est venu de temps en temps m’apporter à boire et à manger ». Lorsque le joug du Prince de ce monde s’appesantira au-delà de nos forces, Dieu soutiendra ses enfants pour qu’ils fassent resplendir la puissance de son amour aux yeux du monde.
C’est le temps des grandes épreuves, soyons fermes et résolus et restons le regard fixé sur le Christ mort et ressuscité qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Un Prêtre
Février 2023

Les chars allemands contre la Russie, par Manfred Grätz, général de corps d’armée à la retraite.

Le 6 août 1945 à 8h15, une bombe américaine atomique à l’uranium  explose à Hiroshima ; le 9 août, Nagasaki est rayée de la carte par l’explosion d’une autre bombe américaine fabriquée cette fois avec du plutonium.

 

Révolte de ma conscience,

C’est à nouveau le moment. Redoutée par un nombre incalculable de personnes, souhaitée et évoquée par une minorité oublieuse de l’histoire ou la méprisant avec arrogance, qui se sent appelée à gouverner notre pays et suit avec vassalité l’allié transatlantique, soutenue avec zèle par un paysage médiatique aligné une fois de plus, et désormais annoncée officiellement par le chancelier fédéral. L’envoi de chars à l’Est est décidé.

Les cheveux de nombreuses personnes se hérissent, de mauvais souvenirs se réveillent, y compris chez moi. A l’époque, il s’agissait encore de souvenirs d’enfance.

Né en 1935, je suis ou j’étais en fait encore un enfant de la Seconde Guerre mondiale. Trop jeune pour être déjà utilisé pour la course aux armements du fascisme allemand, mais assez âgé pour comprendre que la guerre ne signifie que souffrance incommensurable, misère et extermination inhumaine. J’ai perdu mon père. Une lettre froide et sans cœur de son chef de compagnie annonçait qu’il était apparemment « tombé pour le Führer, le peuple et la patrie dans des combats défensifs héroïques contre l’ennemi bolchevique… ».

 

Occasionnellement, des souvenirs surgissent de manière fulgurante, comme lorsque nous étions des garçons adolescents assis au bord de la voie ferrée et que nous regardions les nombreux transports militaires, avec des inscriptions blanches géantes : « Les roues doivent rouler pour la victoire ». Aujourd’hui, on peut lire : « Les chars allemands en direction de la Russie ». Les parallèles, les similitudes sont sans doute faciles à reconnaître. Les nuits de bombardement, les alertes aériennes, la ville de Chemnitz en flammes non loin de mon village, tout cela a contribué à ce que j’apprenne dès mon enfance à détester la guerre et à désirer la paix. J’ai finalement vécu la fin de la guerre comme la libération de l’Allemagne du fascisme par l’armée soviétique.

Près de huit décennies se sont écoulées depuis ces événements. Le jeune garçon de l’époque est devenu un homme de 88 ans, qui a vécu une vie bien remplie à une époque riche en événements historiques.

38 années de service pour le maintien de la paix dans notre armée nationale populaire, dont six années d’études au SU, en font partie. Je l’avoue volontiers, j’aime ce pays, tout en sachant que la Russie d’aujourd’hui n’est plus comparable à la SU. Mais les gens dont les pères et les grands-pères ont combattu pour leur patrie contre le fascisme allemand et nous ont également libérés, sont restés. Des gens chaleureux et aimables, des amis !

Tout cela et bien d’autres choses encore me viennent à l’esprit dans le contexte de tout ce qui se passe actuellement. L’esprit est toujours en éveil, même après 88 ans.

C’est tout un mélange de sentiments et de sensations qui m’émeut, dominé par la colère et la déception. La colère monte en moi lorsque je suis confronté à l’attribution unilatérale de la responsabilité à la Russie, généralement à Poutine, à Poutine l’agresseur, à Poutine le criminel de guerre, sans aucun fondement. Poutine est responsable de tout ce qui se passe actuellement dans le monde. Oublié ou sciemment passé sous silence tout l’historique de la guerre en Ukraine, oublié le manquement de l’Occident à sa parole concernant l’élargissement de l’OTAN à l’Est, oublié le discours de Poutine devant le Bundestag en 2001, dans lequel il tendait la main, proposait une coopération pacifique et était ensuite accueilli par une standing ovation, oublié également le discours prononcé lors de la conférence sur la sécurité de Munich en 2007, dans lequel il évoquait l’élargissement de l’OTAN à l’Est comme une menace pour les intérêts de sécurité de la Russie.

La colère monte lorsque Mme Baerbock, après tout ministre des Affaires étrangères de notre pays et diplomate au plus haut niveau, lance, sans se douter de rien et sans aucune habileté diplomatique ni même de décence, « nous allons ruiner la Russie ».

 

Au même niveau se trouve le bavardage fréquent sur la question de savoir si nous sommes déjà belligérants ou non, en donnant souvent l’impression de chercher et de sonder si nous ne pouvons pas faire un pas de plus ou non. Pour moi, c’est de l’art sans pain. Les fronts sont clairs depuis longtemps. Nous sommes en plein dedans. Que faudrait-il faire de plus quand on a déjà livré des chars et d’autres armes lourdes dans le « noble » but de vaincre la Russie ?

Il est également dangereux de voir des hommes politiques et des soi-disant experts évoquer le thème de l’escalade, peut-être avec des armes nucléaires, avec des « petites tactiques » d’abord, dans des talk-shows ou à d’autres occasions, sans se douter de rien et de manière imprudente. Oubliées déjà Hiroshima et Nagasaki, ces deux villes japonaises victimes du premier largage de bombe atomique sur un territoire habité, sans aucune nécessité militaire. A ce moment-là, la Seconde Guerre mondiale était décidée depuis longtemps, en Europe comme en Extrême-Orient. Et comme chacun sait, ce n’étaient pas les Russes ! Oubliées toutes les souffrances et la misère, tous les morts qui se comptent par dizaines de milliers, et les effets à long terme que ces « deux petits calibres » ont provoqués pendant des décennies, selon les critères actuels. Inimaginable et irresponsable de jouer ainsi avec le feu dans le présent ! En tant qu’ancien militaire, je dis à tous ceux qui ne font que penser à une telle aventure : crime de guerre !

À propos de crimes de guerre ! Quelqu’un en parle-t-il encore à propos d’Hiroshima et de Nagasaki ? On a oublié ! Classé, le plus grand crime de guerre de l’histoire de l’humanité, commis par les États-Unis.

Je trouve non seulement regrettable, mais aussi inquiétant que nos politiciens, qui ont des responsabilités gouvernementales, soient également réfractaires à la consultation. Je pense ici au fait que l’opinion de militaires expérimentés, spécialistes de leur métier, est de plus en plus reléguée au second plan, ou plutôt piétinée, et qu’elle n’est plus perceptible par le public. Ne faut-il pas s’inquiéter lorsqu’un général Kujath, excellent connaisseur de la matière, y compris et surtout de l’OTAN, doit présenter ses appréciations remarquablement réelles de la situation dans un journal suisse ? Ou lorsqu’un général Vad, ancien conseiller militaire de Mme Merkel, s’exprime dans le journal EMMA d’Alice Schwarzer (ne vous méprenez pas, respect pour Mme Schwarzer !).

Ou lorsque même le chef d’état-major de l’armée américaine, le général Milley, s’est fait réprimander par l’administration Biden pour son évaluation réelle de la situation en Ukraine et que ses conclusions sont passées sous silence ?

Je ne veux même pas parler ici d’autres militaires, voire d’anciens de l’ANV, qui pourraient bien connaître les Russes !

Tout cela selon la devise « ce qui ne peut pas être ne doit pas être ». Il n’en reste pas moins qu’avec la vassalité allemande, nous suivons fidèlement la politique de guerre des États-Unis, notre principal allié transatlantique, qui vise à la domination mondiale. Quo vadis, l’Allemagne ? Je me pose la question. Ou pour paraphraser Heinrich Heine: « Si je pense à l’Allemagne la nuit, j’en perdrai le sommeil !

Encore un mot à tous les membres et sympathisants de notre association, à mes camarades et amis.

Élevez la voix, ne vous cachez pas.

Écrivez, sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit, et n’oubliez pas votre nom et votre grade.

Cherchez et trouvez nos alliés, participez aussi à leurs manifestations.

Ensemble, nous sommes plus forts.

Descendez dans la rue, si vous êtes encore en forme et mobiles. Parlez avec les gens, malgré les intérêts divergents qui y sont représentés.

Personne ne veut la guerre parmi les manifestants.

Tout cela, c’est ma conscience qui me le dit. S’il vous plaît, examinez aussi la vôtre.

Manfred Grätz, général de corps d’armée à la retraite