Le domaine de Beaulieu est maintenu depuis huit générations afin de sauvegarder toutes les valeurs qu’il porte et qui ont fait la France chrétienne. La chapelle datant du moyen âge est un joyau auquel nous tenons beaucoup.
Tout ce que nous développons ici respecte la nature et les hommes : une agriculture nourricière de qualité, l’accueil pour vos fêtes familiales et vos séminaires, pêche, chasse à l’arc sur gibier sauvage, parcours de 20 cibles animalières en 3 dimensions pour le tir à l’arc, et aujourd’hui c’est la fromagerie que nous inaugurons. Celle-ci a débuté sa fabrication de produits laitiers au mois d’avril dernier après 3 ans de montages administratif et financier et de construction que nous avons réalisés entièrement avec notre personnel, nos amis et toute notre famille ici présente.
La « Fromentellerie » : sa racine est le Froment, fruit de la terre et du travail des hommes. La deuxième partie du nom représente toutes les petites mains qui travaillent artisanalement pour réaliser les meilleurs produits dans l’intérêt des consommateurs (telle la coutellerie).
Permettez moi de commencer par remercier mes parents aujourd’hui disparus pour l’héritage de courage, de lucidité, d’entrepreneur et d’ouverture aux autres qu’ils ont su me donner. Je tiens aussi à remercier mon épouse Fabienne et nos 2 enfants et tous ceux qui ont mis leur énergie, leur cœur et leur intelligence pour faire aboutir ce projet et le faire fonctionner. Je remercie aussi le père François Labbé qui a béni notre fromagerie.
Sans la source financière, cet atelier de fabrication n’aurait pas pu naître. En effet, nous avons réalisé un crowdfunding où nous avons pu obtenir 30 000 euros notamment grâce au Professeur Joyeux qui nous a dédié sa newsletter du mois de décembre 2015. Nous avons également fait appel au mouvement des cigales.. Je tiens à remercier tout particulièrement notre président du département qui a su défendre et comprendre notre démarche. Sans la subvention obtenue, nous n’aurions pas réussi à financer cet atelier tant les normes imposées nous contraignent à assumer des investissements démesurés par rapport à notre taille.
A Beaulieu nous développons l’Agriculture bio holistique : c’est une agriculture qui a une obligation de résultats, et non pas uniquement de moyen, elle favorise l’emploi rural , respecte les paysages et la nature, obtient des aliments de bonne qualité nutritionnelle qui doivent avoir de l’odeur de la saveur et qui se conservent. Ce projet est la continuité de cette agriculture familiale. Ici, nous défendons la paysannerie qui est au service des consommateurs et non au service de la finance.
D’où je viens ?
Je suis né en France, pays choisi par Dieu pour défendre la religion chrétienne, issu d’une famille paysanne très pratiquante qui a toujours œuvré pour la défense des valeurs humaines et la transmission de ce qu’elle avait reçu. Mes parents ont maintenu ce patrimoine agricole et cette propriété chargée d’histoires pour ne pas perdre leurs racines et en aider d’autres à redécouvrir les leurs. J’ai connu cette ferme paysanne ou travaillait ma famille mais aussi 5 personnes qui habitaient le village. L’assolement était varié ainsi que les espèces animales. La transformation du lait en produits laitiers et la pratique du circuit court fonctionnait très bien. Nous vivions en harmonie avec nous même dans ce monde rural ou transpirait le bien-être et la joie de vivre.
Dans notre village il y avait une multitude de petites fermes, toutes avec la mixité culture et élevage, ou travaillaient beaucoup d’hommes et de femmes. Et puis il y avait de nombreux artisans et commerçants divers pour répondre localement aux besoins de chacun (4 cafés pour 350 habitants où l’on se retrouvait pour jouer aux cartes), il y avait une poste, une école une mairie et une église toujours pleine les dimanches. Les circuits courts étaient la pratique la plus développée, permettant ainsi la juste rémunération du travail fourni.
J’ai eu la chance de travailler avec des personnes loyales et dévouées qui ne ménageaient pas leur énergie. Ils ont été des exemples qui m’ont aidé à définir le chemin que je devais prendre.
Qui suis-je ?
J’étais un agriculteur qui s’efforçait de garder l’exploitation avec son élevage laitier qui m’avait été transmis par mes parents, avec toutes les contraintes qui ne cessaient de s’amplifier au fil des années (industrialisation de l’Agriculture). Ce modèle nous entraine dans une course sans fin aux économies d’échelle.
De 40 vaches en1985 je suis passé à 80 vaches en 1986, de 4000 litres par vache et par an à 9200 litres en 1995. Dès 1986 j’avais choisi d’abandonner petit à petit l’ensilage pour une ration sèche à base de foin et de céréales. J’étais en train de perdre le sens de mon métier. Les difficultés financières liées à l’élevage et la difficulté à trouver du personnel compétent et motivé m’entrainaient vers le désir d’arrêter la partie élevage pour me consacrer uniquement à la culture en quête des subventions.
Où je veux aller ?
Je veux redonner du sens à notre vie, pour cela je devais me ré enraciner pour mieux m’élever, c’est-à-dire prendre le modèle de nos ancêtres en y apportant de la modernité. La vocation du paysan étant de donner la vie et de travailler pour se nourrir. Je dois arrêter de courir après ces économies d’échelle par les volumes et l’agrandissement.
C’est ainsi qu’est né le développement de l’Agriculture bio holistique à Beaulieu dès 2009.
Notre objectif est d’arriver un jour à transformer toutes nos productions en produits finis ou en alimentation des animaux et de la terre.
Le lait transformé en fromage, le petit lait servant à nourrir la volaille et les cochons. Les céréales transformées en pain, le son servant de nourriture aux animaux, le lin et le chanvre transformés en huile, les tourteaux nourrissent aussi les animaux…
Ma famille ma foi et mon espérance m’ont donné la force de ne pas abdiquer devant toutes les difficultés que nous pouvons rencontrer. En transmettant à nos enfants et à notre entourage ces valeurs basées sur l’équilibre naturel, j’aurai le sentiment de m’ être élevé sur le chemin de Dieu.
Yves de Fromentel