3 octobre 2020 – Lettre ouverte de Mère Arousiag Sajonian aux Français.
Très chers amis,
Depuis maintenant 17 jours, la région du Haut-Karabagh, également appelée Nagorno-Karabagh ou Artsakh, subit une attaque de l’Azerbaïdjan d’une ampleur sans précédent depuis la guerre de 1990-1994 qui avait fait 30 000 morts.
Cette terre du Caucase, au sud-est de l’Arménie, peuplée d’arméniens, fut intégrée arbitrairement par Staline à l’Azerbaïdjan en 1921. A la chute de l’URSS, l’Artsakh a voté son indépendance, faisant valoir son droit à l’autodétermination prévu par le droit international et soviétique. C’est ce droit dont ont usé les républiques soviétiques d’Arménie et d’Azerbaïdjan et qui est refusé à l’Artsakh pour des raisons géopolitiques.
Partout sur les plateaux de télévisions, les experts vous expliquent que cette terre, qui se situe à un carrefour stratégique, attise les convoitises. Mais à cette croisée des mondes : mon peuple vit et meurt depuis 1000 ans. A cette croisée des mondes, se sont construits des centaines de monastères dans lesquels nous proclamons notre foi au Christ depuis le 4ème siècle.
Des puissances obscures se sont unies et levées dans le but de nous anéantir, poursuivant un rêve hégémonique conduit par Monsieur Erdogan.
S’il vous plait, ne détournez pas les yeux devant ce qui n’est rien de moins qu’un nouveau génocide contre ma communauté.
Nos soldats tombent.
Nos civils meurent assassinés quand ils n’ont pas fui avec les enfants.
Nos églises sont détruites.
Ne règne plus dans nos villes que le fracas de bombes interdites par la communauté internationale.
Nous supplions aujourd’hui le monde de réclamer la fin des frappes azéries, turques et djihadistes et de reconnaitre enfin l’indépendance de l’Artsakh.
Le combat qui se joue pour mon peuple : c’est sa survie même. Chaque jour qui passe est un jour de perdu pour ceux qui tombent, et en écrivant cela, je pense également aux familles azéries endeuillées par la folle conquête de Monsieur Aliyev.
A vous tous, je vous demande ardemment de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour interpeller vos élus et dirigeants afin qu’aucun ne puisse dire, comme en 1915 : les arméniens ont été massacrés ET NOUS NE SAVIONS PAS.
Que Dieu nous vienne en aide,
Mère Arousiag Sajonian