Paroles de paysans

A nos pères, ces braves  paysans (Joseph Mellot)

Les Paysans meurent et avec eux la France.
Rentrons en résistance ! 
 
Oh, blés, orges et moissons, pourquoi tant de souffrances ? 
Les familles pleurent leur terre et leur malheur. 
De tout leur labeur ne germe qu’indifférence. 
Il en est cependant qui, au-delà des peurs, 
 
Refusent de mourir. A ceux-là unissons
Nos coeurs et nos passions, pour que demain encore 
Autour de leurs villages, au rythme des saisons,  
Ils puissent semer leurs champs et sonner le cor. 
 
Avec fierté, le paysan de son travail 
Veut vivre honnêtement, sans être le mendiant,
Ni être le manant qui vend son âme au diable, 
Aux marchands sans scrupules à boire tout leur sang.  
 
Les Paysans meurent et avec eux la France.
Rentrons en résistance !
 
Mille vaches attachées en rond dans leur prison, 
Forcées à ruminer sans trêve jour et nuit,
D’amers foins appauvris, désertés des grillons,
Pour la consommation sont de tristes alibis. 
 
Sous le joug des contraintes, les hommes de la terre
Impuissants à finir, asservis bureaucrates, 
Les travaux des saisons en attendant l’hiver, 
Ont cessé pour toujours d’agiter leur baratte. 
 
Les Paysans meurent et avec eux la France.
Rentrons en résistance !

Parqués sauvagement dans leurs baraquements,
Chauffés et aveuglés par des lampes torrides
Des gallinacés par milliers mangent leurs excréments.
Dans les super-marchés, leurs carcasses fétides 
 
Remplissent les paniers enrobés de rubans,
Trompant la ménagère pour calmer leur misère.
Les étales regorgent de denrées de faisans 
Pourtant bien notés aux services sanitaires.


Les Paysans meurent et avec eux la France.
Rentrons en résistance !


Que fleurissent la joie de courir dans les prés, 
Les marchés sur la place à l’abri des clochers,
Les fromages colorés à la croûte dorée ! 
Les fermières au teint frais vantant leur pot de lait !
 
Que le grain nourricier succède à la semence,
Les fenaisons du soir aux moissons prometteuses,
Les récoltes aux labours, les baisers à la danse,
Le salaire mérité aux journées laborieuses. 


Les Paysans meurent et avec eux la France.
Rentrons en résistance !
 
Je me souviens des jours heureux où nous allions
Mes frères et moi, trottant auprès de notre mère,
Sous un soleil brûlant, ardent comme un tison,
Ramasser au verger les fruits tombés à terre. 
 
Et toi aussi Marie, bien sûr, tu te souviens : 
Quand au matin tous les deux à travers champs  
Nous allions dans les prés caresser les bovins. 
Ces sublimes instants doivent traverser le temps.  
 
Les Paysans meurent et avec eux la France.
Rentrons en résistance !
 
Quand la charrue brillait sous la terre argileuse,
Ou que le grain germait généreux et doré, 
Lorsque le blé dansait sur le toit des batteuses,
Nos yeux d’enfant riaient en ces jours adorés. 
 
Et toi aussi André, bien sûr, tu te souviens :
Nous courrions insouciants, encore enfants, rêvant
A des princesses imaginaires. Eh bien !  
Ces sublimes instants doivent traverser le temps.  
 Joseph Mellot, juin 2016

CDT71-034

Souriez, on vous assassine…. !   (octobre 2015)

Lors de conversations sur l’actualité trépidante, immigration massive d’invasion, niveau scolaire délabré, policiers dans la rue, chômage en hausse… qui n’a pas entendu dans son entourage : « que voulez-vous que nous fassions c’est la marche du monde depuis le péché  originel », « c’est le sens de l’Histoire » ou «c’est comme ça, nous n’y pouvons rien » ou encore « notre pays doit savoir changer pour s’adapter à la mondialisation ».… Et pendant ce temps notre industrie trépasse, nos agriculteurs se suicident et nos pécheurs disparaissent. Tous ces renoncements ne sont pas très catholiques, gare à l’hérésie!

La méthode d’éradication de notre identité française est à la fois douce et violente et est appliquée partout, dans tous les domaines pour que notre patrimoine, notre mémoire laissent le champ libre à des appétits démesurés de profit et de destruction.

Dernier exemple en date, celui de l’élevage bovin en Charolais-Brionnais (71), l’un des symboles de l’excellence française. Le 11 septembre 2015 les éleveurs de bovins apprennent des autorités sanitaires, par un simple courrier électronique  qu’en  raison de la fièvre catarrhale, toutes les exportations sont stoppées … Cette fièvre est transmise par un moucheron en période de sécheresse et elle n’est pas contagieuse ni pour les animaux, ni pour l’Homme. Les anciens l’appelaient la maladie de la « langue bleue » et ne se sont jamais laissé impressionner par elle. Mais aujourd’hui c’est la guerre totale à la « langue bleue » et la zone concernée a été décrétée «périmètre rouge» ! Les bêtes peuvent être conduites à l’abattoir mais aucune ne peut sortir vivante de la zone… à moins d’avoir fait l’objet d’une analyse sanguine pour un coût total de 20 Euros par tête à la charge de l’exploitant… ou d’avoir été vaccinée pour 2 Euros par tête (tarif de 2008) et en partie pris en charge par l’état !! (Ces éléments sont en cours de négociation.)

Pourquoi vacciner contre une maladie non contagieuse, transmise par un moucheron en période de sécheresse… ? Nous sommes à l’entrée de l’automne, il fait 5 °c le matin, le moucheron est mort mais les administratifs et les financiers veillent. Tous deux, agents de la globalisation, comptent bien tirer le meilleur profit de la fièvre bovine. Tels des vampires, les agents de l’administration sanitaire vont s’assurer que les bêtes ne sortiront pas du « périmètre rouge »  vers l’export sans avoir reçu leur dose de molécules fabriquées par le laboratoire Merial. Merial est l’unique fournisseur de ce vaccin et par chance il lui restait quelques invendus après l’épidémie de 2007… ! De qui se moque-t-on ? La dose de vaccin et l’analyse sanguine sont pris en charge par l’éleveur et l’Etat  …. avec notre argent ! La prise de sang 10 fois plus onéreuse que la vaccination est prescrite pour les échanges en France car les vaccins, en nombre insuffisant, sont réservés aux  bovins destinés à l’export  pour l’engraissement.  Par ailleurs, les éleveurs du Charolais ayant noté une baisse de  fécondité chez leurs géniteurs mâles et femelles après  les vaccinations de 2007, refusent ce vaccin.  Les fossoyeurs de notre agriculture sont bien identifiés  et agissent par la pression administrative d’une part et la recherche de profits immédiats d’autre part.

Comme le dit Christine, dont la famille est à la tête d’une exploitation agricole et d’un négoce de bovins : « ç’est trop ! Quelle autre profession subit un chômage technique du jour au lendemain ? Et à qui profite cette humiliation qui consiste à vacciner systématiquement toutes les bêtes destinées à l’export vers l’Italie et l’Espagne? »

Les éleveurs étaient sortis de la sécheresse et arrivaient à la période des ventes d’avant l’hiver, période déterminante pour le commerce et la santé financière des entreprises familiales agricoles. La crise sanitaire savamment orchestrée provoquera une crise économique dans le monde de l’élevage français déjà en difficulté. Ce qui laisse le champ libre aux importations de viande aux hormones d’outre Atlantique.

Dans le même temps, nos politiques qui ne pensent, soit disant, qu’à la prospérité de notre pays nous imposent en l’espace d’un an de regrouper nos communes en communauté de communauté de communes de 15000 habitants minimum… voilà une préoccupation qui prouve combien ils veulent assécher, drainer, jusqu’à la stérilité le terrain.

Les fermes familiales, les PME, les artisans et les petites communes doivent disparaitre pour laisser la place à de grandes agglomérations, de grandes exploitations intensives. Le pouvoir et l’argent sont toujours plus concentrés entre les mains de quelques-uns. Rappelons au contraire les propos de  Chesterton selon lesquels le vrai capitalisme morcelle le capital. La manipulation en cours est une insulte à l’intelligence, mais « plus c’est gros plus ça marche » aurait dit Lénine. Nous serions en train de décentraliser… en centralisant toujours plus, en éloignant toujours plus  les centres de décisions du peuple !

Nous devons comprendre vite la machination qui touche tous les secteurs. Nos pêcheurs bretons sont aussi remplacés par des grandes entreprises avec des flottes et des moyens de pêche surdimensionnés et dévastateurs pour l’océan. Le produit de ces pêches industrielles est chargé depuis d’immenses criées dans de gros camions pour approvisionner les toujours plus grandes agglomérations. Les ménagères bretonnes n’ont plus accès au poisson frais et les marins se retrouvent « à la côte », comme à Erquy dans les Côtes d’Armor  où ils se consolent en admirant leur bateau de pêche rempli de géranium, juché sur un rond-point pour accueillir le touriste !

La colère doit nous prendre, la sainte colère, celle du Christ face aux marchands du temple ! Le monde ne doit pas admettre la loi du marché et la spéculation comme étant son alpha et son oméga. Nous sommes sur cette terre pour déjouer ces tentations et ces dérives de notre liberté de créature de Dieu. Retrouvons le cœur sacré de Jésus au cœur de nos vie et agissons là où nous le pouvons ! L’esprit doit réoccuper la première place avant l’appât du gain. L’esprit a besoin de liberté. Saisissons cette liberté et restaurons nos églises à nos frais, avec notre travail et organisons des chapelets … Reprenons, de cette façon, possession du cœur de nos villages et en cercles concentriques retissons les fibres de la famille, de la paysannerie, de l’artisanat et de la petite industrie  qui ont fait notre pays. Que les petites paroisses renaissent grâce à nous et viennent au secours des communes, vite !

Stéphanie Bignon

 


Témoignage d’un agriculteur qu’on assassine

 

Bésayes, le 23 octobre

Messieurs nos élus, nos députés,

Aujourd’hui, sur ma ferme drômoise en agriculture biologique, les services départementaux de la protection des populations me demandent d’abattre mes volailles (2000 poules) en pleine santé, en pleine production d’oeufs bio de haute qualité alimentaire. Parce qu’elle avoisine une autre salle d’élevage, séparée par une salle de conditionnement, où s’est révélée la présence d’une salmonelle potentiellement mauvaise pour la santé de nos concitoyens mais non présente sur les oeufs ni sur la viande.

Depuis cinq ans, je m’étais engagé, en respectant au mieux les consignes de sécurité, pour desservir et distribuer des commerces locaux, des petits magasins de producteurs, des cantines, des boulangers, des particuliers au sein d’entreprises, quelques cantines de collège ou lycée , par le biais d’Agrilocal, une association qui propose des paniers faisant travailler des jeunes en réinsertion, quelques dons aux sans-abri et aux plus nécessiteux (Associations).

Le département me demandait aussi de lui fournir des oeufs bio pour des occasions particulières :

– Salon Teck&Bio;

– Meeting aérien;

– Inaugurations diverses;

– Salon de l’Agriculture (mes oeufs ont été dégustés jusqu’à Paris).

La charge de travail était importante avec un minimum de 70 heures par semaine, le soutien de mon épouse, ainsi que de deux jeunes salariés.

Les poules pondent sept jours sur sept toute l’année. Les dimanches et jours de fêtes, nous sommes de service et les congés se limitent à trois jours (Tout de même une vraie semaine l’an passé).

Un rythme pénible, mais au service de nos chers clients et consommateurs. Car mon travail en tant qu’agriculteur est de nourrir mes voisins, les habitants de mon pays et de bien les nourrir. La relation de proximité est selon moi une reconnaissance de notre métier, de notre savoir-faire et même un lieu où se tissent des relations humaines simples mais cordiales et chaleureuses. Conscient de ma responsabilité, je prends soin de la santé des consommateurs et du bien-être animal, en m’efforçant de respecter la nature.

Aujourd’hui, dans les rues de nos agglomérations fleurissent des Mc Donald, Quick, Kebab et autres fast food.

Malgré cela, notre département est placé en tête de notre pays pour son agriculture biologique. La grande variété de terroirs et des produits fermiers est de plus en plus appréciée, mais encore 60% de nos poulets consommés proviennent d’autres pays. L’Etat ferme les yeux et les consommateurs sont incapables de savoir ce qu’il y a dans leur assiette.

Les produits importés sont fabriqués selon les modes internes aux pays producteurs. Ainsi, en France, on nous impose des obligations qui ne sont pas réalisées dans les autres pays.

Les mesures de précaution ne sont pas adaptées aux risques encourus dans nos élevages. Le danger encouru par l’absorption d’une salmonelle est infime par rapport au nombre de personnes décédées d’un cancer ou même des accidents de la route, ou d’autres problèmes alimentaires…

Cela ne change rien, on ferme les étables, les poulaillers, les porcheries, les unes après les autres. C’est un fait de société. 

Une chose est sûre c’est que l’ambition de beaucoup d’agriculteurs français est de nourrir notre pays. L’autosuffisance devrait être une priorité et la salubrité serait respectée. L’effort de notre monde agricole est énorme pour supporter les réglementations, législations, charges, surmenage, obligations de résultat pour faire face aux investissements financiers et humains.

Le principe d’une réglementation sanitaire pour la protection des consommateurs est nécessaire. Les normes alimentaires et les obligations qui vont avec sont une bonne chose tant qu’elles permettent un bien commun pour la société, en respectant à la fois les consommateurs et les producteurs.

Si le principe est bon en soi, son application actuelle est aujourd’hui pervertie, et provoque la disparition de multiples petites et moyennes fermes, sans pour cela garantir davantage la sécurité sanitaires des consommateurs. Actuellement, trop de normes hyper-contraignantes, coûteuses, chronophages, souvent contradictoires et parfois non compréhensibles par les services eux-mêmes censés les gérer, paralysent l’activité professionnelle des agriculteurs et les découragent de continuer.

Ces contraintes très fortes, lorsqu’elles se cumulent à d’autres difficultés économiques, familiales  ou autres, participent aux suicides trop nombreux des agriculteurs (plus de 200 suicides par an, en France)

  L’objectif de ces normes apparaît alors comme étant un moyen de faire disparaître peu à peu les petites et moyennes entreprises, que ce soit des fermes comme la mienne, ou des petits commerces, ou diverses autres petites entreprises, pour les remplacer par des grosses structures. C’est en tout cas ce qui se dit de plus en plus ouvertement, tant les exemples vécus sont nombreux.

J’estime que ma ferme agrobiologique participe à la bonne qualité de nos produits agroalimentaires, elle est économiquement rentable, et très peu dépendante des aides européennes ou d’Etat, elle respecte et améliore  l’environnement, elle crée du lien social,  et aussi des emplois : deux emplois directs créés, sans compter la participation par divers services induits à d’autres métiers (fournisseurs d’aliments, vétérinaire, etc…).

Cette activité, avec toutes ces conséquences positives sur la société va cesser, à cause de l’application rigoureuse et sans réflexion de fonds, de règlements, qui, encore une fois, s’ils sont nécessaires sur le principe, demandent à être modulés au cas par cas. En effet, si malgré le respect scrupuleux des impératifs sanitaires, administratifs, …, une activité comme la mienne est à la merci d’une telle décision administrative, ce n’est plus la peine de porter un intérêt à fournir une nourriture de qualité.

Pour information le préjudice financier subi se monte à :

–  plus de 16 000 € (coût des poules en début de production),

– 13 000 € de stock d’œufs non commercialisables sinon en casserie,

– 3 000 € d’emballage,

– remboursement des investissements réalisés (mise aux normes du poulailler…).

Préjudice humain : deux jeunes salariés sans activité et une reprise de la ferme beaucoup plus délicate.

Je répète que la bactérie trouvée parcimonieusement dans le poulailler distant n’est pas mortelle, est très commune, provoque principalement des gastro-entérites et que la très grandes majorité des personnes récupèrent en 4 à 7 jours sans traitement (au pire 4 jours d’antibiotiques). D’autre part, la majorité des œufs sont cuits et donc sans danger.

Je me permet de vous demander de prendre en considération ces quelques lignes et de faire tout votre possible pour mettre un terme à ce « martyr paysan » sous la botte de l’administration et de leurs grands principes de précaution.

Je souhaiterais continuer simplement mon activité, pas seulement pour moi, mais aussi pour mes clients et consommateurs, et donc :

  • ne pas tuer mes jeunes poules
  • reprendre la vente d’oeufs de cette salle en renforçant les contrôles avec analyses très fréquentes (une fois par semaine pendant un mois, puis une fois par mois pendant trois mois et ensuite revenir aux contrôles réguliers toutes les 15 semaines).

Ce soir je viens de recevoir la confirmation d’obligation d’arrêt de production, et je n’ose pas le croire !

Avec toutes mes salutations et mes remerciements,

Dominique GREVE