GRANDE JOURNÉE D’HOMMAGE AU ROI LOUIS XVI

Comité Louis XVI

comitelouisxvi@gmail.fr

Dijon

Chère Madame, Cher Monsieur,

Le comité Louis XVI a le plaisir de vous convier, le 21 janvier 2017 à Dijon, à une journée entièrement dédiée à la figure humaine et politique de Louis XVI.

Cette journée, organisée sous la présidence du prince Alexandre de Kisselev, sera un moment de rencontre entre amis de la cause royale, de nos traditions et de la résistance face au déclin spirituel et politique de notre pays. Cette rencontre autour de la figure du souverain martyr nous permettra d’accomplir l’union de la prière, du souvenir historique et du message d’espoir.

Nous sommes sûrs que les liens d’amitié et de respect inhérents à nos perspectives communes permettront, le temps de cette journée, de nous rappeler la signification profonde du sacrifice de la famille royale et du prix que le France ne cesse de payer.

Si le 21 janvier 1793 fut le péché originel de la République, nous ne doutons pas que le 21 janvier 2017 sera pour nous l’occasion de ranimer la concorde d’une France, qui malgré le sang versé, continue à vivifier nos cœurs.

Le comité Louis XVI aura le plaisir de compter sur la présence du Cercle Bossuet de Dijon, de la Fédération Royaliste de Bourgogne ainsi que de l’association Terre et Famille. Mais c’est avant tout votre soutien et votre présence qui feront de cette journée un moment fort de recueillement autour des valeurs de la France qui sont, ô combien, supérieures à celles de la république.

Pour que l’espoir demeure et que notre succès soit sans appel, n’hésitez pas à vous joindre à nous tout au long de cette journée qui commencera par un service de Requiem en rite extraordinaire avec chœur et catafalque suivi par un déjeuner (sur réservation). Enfin, le prince Alexandre de Kisselev nous entretiendra de la personnalité et de l’actualité de Louis XVI lors d’une conférence que nous terminerons par un apéritif convivial.

Vous trouverez, ci-joint, le programme complet de cette journée ainsi que les contacts du comité Louis XVI. Nous espérons vous compter parmi nous. Seule votre présence et celle de vos amis contribuera au succès de cette journée.

Enfin, nous vous adressons, chère Madame, cher Monsieur, nos meilleurs vœux pour l’année 2017.

Royales amitiés,

Le Comité Louis XVI

GRANDE JOURNÉE D’HOMMAGE AU ROI LOUIS XVI

21 JANVIER 2017

PROGRAMME :

11 H 00 : Service de Requiem au rite extraordinaire avec chœur et catafalque ; lecture du testament de Louis XVI par le Prof. Jean Foyard, président de la Fédération Royaliste de Bourgogne.

Lieu : Basilique Saint-Bernard

24 rue Saint-Bernard

21121 Fontaine-Lès-Dijon

Accès : covoiturage ou bus Divia n° B13 arrêt Mare Fontaine (départ square Darcy, 10H20)

13 H 00 : Déjeuner à l’hôtel Kyriad Gare, sur réservation.

Menu :

Feuilleté de pétoncles à l’effilochée de poireaux, crème safranée

Pavé de bœuf sauce forestière, fagots de haricots verts et tomates cerises poilées

Galette des Rois

Eau minérale plate et gazeuse, vin et café inclus

Tarif : 32 € pour les plus de 25 ans, 25 € pour les moins de 25 ans

Lieu : Hôtel Kyriad Gare

7-9 rue Docteur Albert Remy

21000 Dijon

17 H 00 : Conférence, à l’hôtel Kyriad Gare, par le prince Alexandre de Kisselev sur «  la personnalité et la modernité de Louis XVI », suivie d’un vin d’honneur.

Prix de l’entrée : participation libre

INFORMATIONS :

Nous vous prions d’annoncer le nombre de convives au déjeuner avant le 15 janvier 2017 ; toute rétractation après cette date entraînera le paiement du déjeuner.

Nous vous invitons chaleureusement à nous signaler par avance votre présence au cours de cette journée afin d’en faciliter l’organisation.

Pour toutes informations complémentaires, pour profiter du covoiturage depuis le centre-ville ou la gare, ou pour vous annoncer au déjeuner vous pouvez nous joindre :

Par courriel : comitelouisxvi@gmail.com

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I  N  V  I  T  A  T  I  O  N

Conférence de presse Judith Reisman – Terre et Famille

Mercredi 30 novembre 2016 à 18h30
9 rue Bergère – 75009 Paris
Inscrivez-vous dès maintenant :

terreetfamille@gmail.com

Judith Reisman à Paris avec Terre et Famille …et vous

Il faut bien sûr lire Judith Reisman. Encore mieux : la rencontrer. Ce sera possible pour la première fois en France (et peut-être la seule) le 30 novembre.

Ne manquez pas ce rendez-vous. Judith Reisman est l’une des rares personnalités issues du monde universitaire à avoir compris très tôt que les rapports Kinsey étaient une arme de destruction massive contre la famille, n’épargnant ni les corps ni les âmes des enfants.

Au bout de la destruction ? Des adultes adultérés, des enfants merchandisés, des individus échangeables.

Pour reconstruction, réarmons-nous, restaurons la structure familiale -ce fondement organique de toute société capable de s’instituer dans la durée. Les travaux de Mme Reisman nous seront un précieux adjuvant. Ce 30 novembre, venez !

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prochains évènements de Stéphanie Bignon

*Lundi 31 octobre, 12h15 Radio maria « la chasteté ou le chaos ? » invitée par téléphone de Radio Maria.

http://radiomaria.fr

*Le jeudi 3 novembre, à 18h pour « la chasteté ou le chaos » : Stéphanie Bignon participera à l’émission de radio courtoisie de monsieur l’abbé Lorans.

http://www.radiocourtoisie.fr

*Le 18 novembre à 20h30 les AFC et la paroisse saint Pie X de Toulon reçoivent Stéphanie Bignon pour une conférence « la chasteté ou le chaos »

sans-titre

 

(49 rue Henri Poincaré, 83000 Toulon)

*Dimanche 27 novembre : Grande journée anniversaire : 50 ans de Chiré et 40 ans de Duquesne Diffusion

Maison de la Mutualité – Paris V e

*Le 4 décembre à Villepreux, salon du livre de renaissance catholique.

*Le 11 décembre à Paris, « lire sous les sapins » : Salle paroissiale ND d’Auteuil, 64 av théophile Gautier, Paris XVI, de 14 h à 18h30.

http://annebrassie.fr

C’est la pauvreté qui sauvera le monde

Lutter contre la pauvreté ? Non. Aimons-la plutôt. Il ne faut pas lutter contre elle, il faut l’accueillir à bras ouverts et l’aimer.

Car ce n’est en rien la crise, l’avarice des puissants, les placements boursiers, les détournements de fonds, le réchauffement climatique, la politique de Merkel, d’Obama, de Hollande, s’il en est, ou de Poutine, qui provoquent la pauvreté de ce monde : Molière en est le parfait exemple. La pauvreté n’est pas une nouveauté, elle n’est pas une maladie, dont les hommes, les puissants, les papes pourraient soigner le monde par quelques encycliques ou commissions internationales. Nous ne guérirons pas le monde de la pauvreté, et il faut s’en réjouir, car c’est la pauvreté qui guérira le monde… si le monde veut bien la laisser faire, si Don Juan avait bien voulu laisser faire le Pauvre.

Ce qui est nouveau en effet dans la société française contemporaine, c’est le regard de mépris, le regard de Don Juan que nous portons sur le pauvre. Sans rien dire, ce dernier incarne l’infaillible échec de notre monde de négoce, qui recherche son salut dans le profit. Et cela nous est insupportable ! Mais il s’agit du monde voulu par 1789.  Aux yeux de Molière, le Pauvre incarne l’homme qui ne peut se contenter du bonheur des hommes, celui qui se trouve dans la plus grande nécessité du monde… C’est l’homme à la recherche de Dieu et qui pourtant pauvre, trouve le bonheur. Ce n’est donc pas le Pauvre qu’il faut guérir, c’est le monde où l’homme est roi, c’est le monde sans Dieu : c’est celui de Don Juan et le nôtre ! C’est bien à cet instant, à la scène 2 de l’acte III, qu’entre les mains d’un pauvre se joue le sort du monde libertaire qu’incarne le riche Don Juan.

Mais comment ? Eh bien le Pauvre n’est que don de lui-même. Pas de négociation, pas de promotion, pas de rupture de stock ni de baisse du cours, il donne tout à tout instant, même malgré lui. Il n’a rien d’autre à partager, ni plus ni moins que tout son être : quelle que soit la valeur même misérable de l’aumône, le Pauvre n’a qu’un prix : l’absolu. Sa part est donc inestimable car tout ce qui lui reste, sa vie et sa croix, ne sont que dons divins. Le pauvre est donc la figure du Christ, qui aime et meurt, sans rien attendre en retour : quel prix donner à un tel sacrifice, au sacrifice absolu ?

Apprenons donc plutôt à aimer la pauvreté toute proche, celle qui fait mal à l’âme, celle en somme que la Providence a voulu en partage de notre vie. C’est elle seule, à la différence de l’amour de l’humanité qu’invoque Don Juan, que nous pouvons prétendre aimer, car elle appartient au quotidien et nous rappelle celle qui est si familière à notre âme, notre pauvreté face au pêché. Oui, la pauvreté est universelle, la pauvreté est catholique et c’est par elle que nous nous sanctifions. Exerçons-nous donc à être des pauvres du Monde dont la seule richesse est en Dieu.

Heureux les doux, heureux les affligés, heureux les affamés et assoiffés de justice, heureux les miséricordieux, heureux les coeurs purs, heureux les artisans de paix, heureux les persécutés pour la justice, heureux êtes-vous si l’on vous insulte si l’on vous calomnie de toute manière à cause de moi. Matthieu, 5, 3-11

Une Voix

MOLIERE, Don Juan, Acte III, scène 2

SGANARELLE.- Enseignez-nous un peu le chemin qui mène à la ville. 

LE PAUVRE.- Vous n’avez qu’à suivre cette route, Messieurs, et détourner à main droite quand vous serez au bout de la forêt. Mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que depuis quelque temps il y a des voleurs ici autour. 

DOM JUAN.- Je te suis bien obligé, mon ami, et je te rends grâce de tout mon coeur. 

LE PAUVRE.- Si vous vouliez, Monsieur, me secourir de quelque aumône. 

DOM JUAN.- Ah, ah, ton avis est intéressé, à ce que je vois. 

LE PAUVRE.- Je suis un pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans, et je ne manquerai pas de prier le Ciel qu’il vous donne toute sorte de biens. 

DOM JUAN.- Eh, prie-le qu’il te donne un habit, sans te mettre en peine des affaires des autres. 

SGANARELLE.- Vous ne connaissez pas Monsieur, bon homme, il ne croit qu’en deux et deux sont quatre, et en quatre et quatre sont huit. DOM JUAN.- Quelle est ton occupation parmi ces arbres ? 

LE PAUVRE.- De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose. 

DOM JUAN.- Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise. 

LE PAUVRE.- Hélas, Monsieur, je suis dans la plus grande nécessité du monde. 

DOM JUAN.- Tu te moques; un homme qui prie le Ciel tout le jour, ne peut pas manquer d’être bien dans ses affaires. 

LE PAUVRE.- Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n’ai pas un morceau de pain à mettre sous les dents. 

DOM JUAN.- Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins; ah, ah, je m’en vais te donner un Louis d’or tout à l’heure, pourvu que tu veuilles jurer. 

LE PAUVRE.- Ah, Monsieur, voudriez-vous que je commisse un tel péché? 

DOM JUAN.- Tu n’as qu’à voir si tu veux gagner un Louis d’or ou non, en voici un que je te donne si tu jures, tiens il faut jurer. 

LE PAUVRE.- Monsieur. 

SGANARELLE.- Va, va, jure un peu, il n’y a pas de mal. 

DOM JUAN.- Prends, le voilà, prends te dis-je, mais jure donc.

LE PAUVRE.- Non Monsieur, j’aime mieux mourir de faim. 

DOM JUAN.- Va, va, je te le donne pour l’amour de l’humanité, mais que vois-je là ? Un homme attaqué par trois autres ? La partie est trop inégale, et je ne dois pas souffrir cette lâcheté. (Il court au lieu du combat.)

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Une voix inspirée d’Antigone.

Je ne veux pas comprendre. C’est bon pour vous. Moi, je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir. Antigone, Anouilh

Nous parlons trop et nos discours sonnent creux. Le verbe n’est plus vérité, il est fuite. Essayant en vain de tromper nos sens et notre conscience, qui eux parlent juste, nous fuyons une réalité qui fait trop mal à sentir, à entendre, à voir, à toucher, à goûter. Tous nos sens nous parlent pour prendre connaissance de notre monde de progrès. Et ce monde pue la pollution, l’hypocrisie, l’intérêt, la mort. Oui, notre monde de fer et de progrès, de superflu et d’artifice est laid et nous le savons tous. Nous le voyons. Nous le ressentons tous au plus profond de nous, comme un cri lancinant qui vient du dedans et qui ne s’arrête pas, jamais. Tous nous l’entendons, il suffit d’écouter. De cesser la musique, l’agitation, le bavardage… Ecouter pour cesser d’entendre, ça demande du courage. Ecouter et cesser de fuir en trompant notre conscience dans l’agitation politique, dans l’agitation médiatique, qui brasse des mots, des souffles, des voix pour faire davantage de bruit et ne pas écouter le cri de la conscience qui seulement dit non !

La société que nous bâtissons est mauvaise dans tout ce qu’elle charrie. Nos fruits sont morts avant même de voir le jour. Nos lois tuent les éleveurs et petits producteurs pour produire plus de gras, de plastique et de vide. Nos enfants meurent proprement avant même leur premier appel à la vie et nos vieux crèvent dignement comme des bêtes seules dans un mouroir aseptisé. Nous baignons dans la mort, car nous n’avons plus le courage de vivre pour dire non.

Nous qui savons et voyons, cessons de bavarder, cessons même d’expliquer, de faire comprendre. Il n’y a rien à faire comprendre à un monde qui hait le vrai, qui préfère tuer plutôt que protéger, qui fuit le silence et se perd dans le bruit. On ne comprend pas l’évidence, on la respecte, on la clame, on la vit et elle s’impose à toutes les consciences, sans bavardage, dans le silence et la joie des corps, des esprits et des cœurs.

Cessons donc les livres et les débats, les salons feutrés, les élections, les programmes, les lois… les bavardages « bonne conscience » qui sont autant de temps et d’énergie perdus. Choisissons un camp, celui du Oui, franc et ferme, fort et clair, sans commission ni compromis. Ce camp pour lequel nous sommes prêts à laisser notre situation, notre conseil municipal, notre parti, notre lobby, notre République, nos droits, notre profession, nos amis, notre famille, nous- mêmes.

Le seul camp en somme, qui, défiant la mort, permet à Antigone, comme à Marie, d’être reines, parce qu’elles se sont données toute entières et pour la Vie !

Une Voix

J.ANOUILH, Antigone, neuvième partie, 1944, 

Antigone et Créon : être roi. 

CRÉON (…) Tu crois que cela ne me dégoûte pas autant que toi, cette viande qui pourrit au soleil ? Le soir, quand le vent vient de la mer, on la sent déjà du palais. Cela me soulève le cœur. Pourtant, je ne vais même pas fermer ma fenêtre. C’est ignoble, et je peux même le dire à toi, c’est bête, monstrueusement bête, mais il faut que tout Thèbes sente cela pendant quelque temps. Tu penses bien que je l’aurais fait enterrer, ton frère, ne fût-ce que pour l’hygiène ! Mais pour que les brutes que je gouverne comprennent, il faut que cela pue le cadavre de Polynice dans toute la ville, pendant un mois.

ANTIGONE Vous êtes odieux !

CRÉON Oui mon petit. C’est le métier qui le veut. Ce qu’on peut discuter, c’est s’il faut le faire ou ne pas le faire. Mais si on le fait, il faut le faire comme cela.

ANTIGONE Pourquoi le faites-vous ?

CRÉON Un matin, je me suis réveillé roi de Thèbes. Et Dieu sait si j’aimais autre chose dans la vie que d’être puissant…

ANTIGONE Il fallait dire non, alors !

CRÉON Je le pouvais. Seulement, je me suis senti tout d’un coup comme un ouvrier qui refusait un ouvrage. Cela ne m’a pas paru honnête. J’ai dit oui.

ANTIGONE Hé bien, tant pis pour vous. Moi, je n’ai pas dit « oui » ! Qu’est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, vos nécessités, vos pauvres histoires ? Moi, je peux dire « non » encore à tout ce que je n’aime pas et je suis seul juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec votre attirail, vous pouvez seulement me faire mourir parce que vous avez dit « oui ».

CRÉON Ecoute-moi.

ANTIGONE Si je veux, moi, je peux ne pas vous écouter. Vous avez dit « oui ». Je n’ai plus rien à apprendre de vous. Pas vous. Vous êtes là, à boire mes paroles. Et si vous n’appelez pas vos gardes, c’est pour m’écouter jusqu’au bout.

CRÉON Tu m’amuses.

ANTIGONE Non. Je vous fais peur. C’est pour cela que vous essayez de me sauver. Ce serait tout de même plus commode de garder une petite Antigone vivante et muette dans ce palais. Vous êtes trop sensible pour faire un bon tyran, voilà tout. Mais vous allez tout de même me faire mourir tout à l’heure, vous le savez, et c’est pour cela que vous avez peur. C’est laid un homme qui a peur.

CRÉON, sourdement. Eh bien, oui, j’ai peur d’être obligé de te faire tuer si tu t’obstines. Et je ne le voudrais pas.

ANTIGONE Moi, je ne suis pas obligée de faire ce que je ne voudrais pas ! Vous n’auriez pas voulu non plus, peut-être, refuser une tombe à mon frère ? Dites-le donc, que vous ne l’auriez pas voulu ?

CRÉON Je te l’ai dit.

ANTIGONE Et vous l’avez fait tout de même. Et maintenant, vous allez me faire tuer sans le vouloir. Et c’est cela, être roi !

CRÉON Oui, c’est cela !

ANTIGONE Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m’ont fait aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine.

CRÉON Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes fenêtres, c’est assez payé pour que l’ordre règne dans Thèbes. Mon fils t’aime. Ne m’oblige pas à payer avec toi encore. J’ai assez payé.

ANTIGONE Non. Vous avez dit « oui ». Vous ne vous arrêterez jamais de payer maintenant !

CRÉON, la secoue soudain, hors de lui. Mais, bon Dieu ! Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite idiote ! J’ai bien essayé de te comprendre, moi. Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballotte. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce, pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer, et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors, qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire « oui » ou « non », de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour, et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous giffle, et la chose qui tombe devant le groupe n’a pas de nom. C’était peut-être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a plus de nom. Et toi non plus tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu le comprends, cela ?

ANTIGONE, secoue la tête. Je ne veux pas comprendre. C’est bon pour vous. Moi, je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir.

Homélie de Monseigneur Centène, Messe des agriculteurs suicidés le 11 octobre 2015

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Frères et sœurs,
A la lumière des lectures que nous venons d’entendre et en particulier à la lumière de cette question « Bon Maitre, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle en héritage ? », nous sommes réunis ce matin dans cette basilique pour dire notre solidarité avec le monde paysan en souffrance.
Une souffrance qui n’est pas seulement d’ordre économique, même si tout se tient, mais une souffrance qui est plus profonde et qui touche à l’existentiel, au sens même de l’existence, puisqu’elle se traduit, dans un trop grand nombre de cas, par la suppression de la vie.
D’où l’importance de la question posée dans l’évangile de ce jour « Bon Maitre que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle en héritage ? ».
Les croix déposées devant la basilique traduisent la réalité de cette situation comme un signe fort qui veut nous faire prendre conscience de ce drame.
Derrière chacune de ces croix, une vie brisée, parfois dans la pleine floraison de la jeunesse.
Derrière chacune de ces croix, la souffrance d’une famille désemparée qui se croit coupable de n’avoir pas su détecter les signes avant-coureurs, de n’avoir pas su être suffisamment à l’écoute, de n’avoir su trouver les bonnes réponses, les bonnes solutions.
Derrière chacune de ces croix, le sentiment de culpabilité d’un entourage, d’une communauté humaine, qui n’a pas su trouver à temps les chemins d’une solidarité authentique et efficace.
Si un suicide, et toute mort quelle qu’en soit la cause, est toujours un drame parce qu’avec elle c’est un univers qui disparait, le suicide d’un paysan revêt un caractère particulier parce qu’il touche à une lourde symbolique.
Celui qui a la charge de la vie des plantes et des bêtes, celui qui par vocation contribue à la vie de ses frères en humanité en leur fournissant la nourriture nécessaire au maintien et à la croissance de la vie, celui-là, en est venu à détester sa propre vie jusqu’à décider d’y mettre lui-même un terme en se donnant la mort.
Nous sentons bien qu’il y a là une dimension contre-nature qui vient ajouter encore à notre désarroi : celui-là même à qui Dieu a confié la charge de la création, fait œuvre de destruction sur lui-même.
L’élément déclencheur de ce drame est souvent économique. Il n’y a pas que la guerre, il n’y a pas que les armes, qui tuent dans le monde, la loi du marché est bien plus destructrice. Elle commence avec gourmandise puis elle prend la saveur des appétits assassins, des ambitions scélérates, des pouvoirs criminels.
Les excès de la course au profit et d’un productivisme extrême s’opposent à une vision de la terre où le respect de la vie doit être le premier commandement.
Le pape François, s’inscrivant dans la pensée sociale de l’Eglise, ne cesse de nous inviter à être les artisans d’un monde dans lequel l’homme, et non la finance, doit être au cœur du système économique.
Si le paysan est plus vulnérable que les autres aux aléas parfois mortifères de la vie économique de nos sociétés, c’est parce que le lien qui l’unit à son outil de production : la terre, est un lien sacré.
Un capital peut se reconstituer, une usine peut se reconstruire, un magasin peut se racheter, mais le lien qui unit le paysan à sa terre est un lien unique et imprescriptible.
Si l’argent n’a pas d’odeur, la terre, elle, est imprégnée de l’odeur de la transpiration, des larmes et du sang des générations qui nous ont précédés. Elle est une parcelle du sol de la patrie, la terre des pères, elle est un héritage !
Elle est profondément liée à l’identité de celui qui la détient parce qu’il l’a reçue, et il est dans l’ordre des choses qu’il puisse la transmette !
Elle a l’odeur des floraisons, du grain moulu ou des vendanges, elle éveille les sens qui parlent à l’âme.
Elle a l’odeur de la vie et de l’amour, de l’espoir et de la fécondité.
Et, même si depuis les physiocrates on a fait de lui un agriculteur avant d’en faire un exploitant ou un producteur, le paysan sait que sa terre est sacrée parce que l’homme vient de la terre et qu’il doit retourner à la terre.
La terre est le lieu de l’enracinement dans lequel la philosophe Simone Weil voyait « le plus grand besoin de l’âme ».
Le paysan sait cela, il le sait par intuition, il le sait par science infuse, il le sait par grâce divine. « Bénis sois-tu, Père, parce que ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux touts petits. »
Parmi toutes ses parcelles, il en est une qui est plus sacrée que les autres, c’est celle dans laquelle reposent ses morts et qui les sanctifie toutes.
Parce que le lien qui unit le paysan à sa terre est un lien sacré, parce qu’il nous dit quelque chose de la noblesse de l’homme, le paysan veut vivre de son travail. C’est l’honneur de l’homme de vivre de son travail et pas de subventions, de primes et de délais de paiements qui lui font perdre sa fierté.
Le drame de l’agriculture, même s’il est économique, a des racines spirituelles profondes.
C’est donc aussi par des moyens spirituels qu’il nous faut y répondre.
Il faut redécouvrir la beauté de la création et la bonté du créateur comme le pape nous y invite dans sa dernière encyclique.
Le réchauffement du monde ne peut pas être compensé par le refroidissement des âmes !
Il nous faut redécouvrir la solidarité face à l’individualisme, la dimension spirituelle, la prière et le retour aux sacrements face au matérialisme, le sens face à l’action aveugle.
Que sainte Anne, patronne de la terre de Bretagne et Yvon Nicolazic, paysan Breton, nous aident à répondre à cette question que posait l’Evangile de ce jour : « Bon Maitre, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle en héritage ? »
Amen !
+ Raymond Centène
Evêque de Vannes