Dessin « Espérance » été 2022 par ProjetKO

« L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté.
On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance. L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques. L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme…
 
On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts. Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. Le démon de notre cœur s’appelle « À quoi bon ! ». L’enfer, c’est de ne plus aimer. Les optimistes sont des imbéciles heureux, quant aux pessimistes, ce sont des imbéciles malheureux. On ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, par ce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille chercher. Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même est déjà disposé à la trahir.
 
Si l’homme ne pouvait se réaliser qu’en Dieu ? si l’opération délicate de l’amputer de sa part divine – ou du moins d’atrophier systématiquement cette part jusqu’à ce qu’elle tombe desséchée comme un organe où le sang ne circule plus – aboutissait à faire de lui un animal féroce ? ou pis peut-être, une bête à jamais domestiquée ? Il n’y a qu’un sûr moyen de connaître, c’est d’aimer.
 
Le grand malheur de cette société moderne, sa malédiction, c’est qu’elle s’organise visiblement pour se passer d’espérance comme d’amour ; elle s’imagine y suppléer par la technique, elle attend que ses économistes et ses législateurs lui apportent la double formule d’une justice sans amour et d’une sécurité sans espérance. »
Georges Bernanos, conférence 1945

Jeudi 14 juillet : Saint Bonaventure

Dieu, vous avez fait à votre peuple la grâce d’avoir le bienheureux Bonaventure, pour ministre du salut éternel : faites, nous vous en prions, que nous méritions d’avoir pour intercesseur dans les cieux celui qui nous a donné sur terre la doctrine de vie. Tiré de la liturgie du jour.
Jean fidenza naquit à Bagno Regio en Etrurie, vers l’an 1217. Frappé d’une grave maladie dans son enfance, sa mère obtint sa guérison par une prière à saint François d’Assise, récemment canonisé. Le nom de Bonaventure qu’il prit plus tard viendrait de cette « bonne aventure ». Il étudia à Paris et choisit d’entrer chez les franciscains. Approfondissant ses études, il devint un très grand savant en théologie. Savant, mais doublé d’une douceur et d’une piété incroyables, surtout envers la Passion du Seigneur et la très sainte Vierge Marie. C’était un homme bon… Le Seigneur l’avait comblé de mérites si aimables que quiconque le voyait se sentait aussitôt le cœur saisi d’amour dira de lui l’auteur des actes du concile de Lyon ! Il devint, à 36 ans, supérieur général des franciscains et il exerça saintement cette charge pendant 17 ans. Devenu évêque et cardinal en 1273 par la volonté du Pape de l’époque, il eut de grande missions, comme celle de préparer le Concile de Lyon pour chercher l’unité avec l’Orient. Ses nombreux livres, remplis de piété, lui obtinrent le titre de docteur de l’Eglise. Il Mourut, vénéré par ses contemporains, à Lyon en 1274, son corps s’y trouve encore.
Nous aimons la bonté, mais pourquoi la pratiquons nous si peu envers les autres ? La bonté ouvre les cœurs, donne envie d’aimer et nous remplit de joie. Sans elle, impossible d’être un vrai témoin de Jésus-Christ. Que saint Bonaventure nous guide sur ce chemin !
Pratique : Veiller à être bon envers tous

Abbé Henri Forestier

Les cloches de Nagasaki

« Les enfants d’Urakami attendent avec impatience le premier jour de Noël après la guerre. Même si la reconstruction de la cathédrale n’avance que peu à peu, une grande fête vient illuminer ce jour de la Nativité 1945.

Nous avons déjà raconté dans ce livre à quel point la joie des chrétiens fut immense lorsque l’une des deux cloches fut retrouvée intacte au milieu même des gravats de la cathédrale.

Les cris de joie que poussent les jeunes en enlevant la boue qui enveloppe la cloche restent inoubliables. Malgré quelques éraflures à l’extérieur, le ding, ding, dong, s’élève dans le ciel avec le même son pur qu’avant le 9 Août. Tous ceux qui ignorent cette découverte et entendent tout à coup ce son familier, demeurent si étonnés qu’ils quittent leur cabane, traversent en courant le désert nucléaire et pleurent de joie en s’approchant de la cloche. C’est la veille de Noël, juste avant midi. La cloche annonce la naissance de Jésus. Les chrétiens d’ ont tout perdu, mais à cet instant, dans la tristesse et l’angoisse de leur vie chante une note d’espérance. Tous s’agenouillent et prient d’un seul cœur.

Takashi, au son de la cloche, prie : « Plus jamais la guerre ! la paix pour toujours ! Qu’Urakami soit la dernière victime de la bombe atomique ! Mais aujourd’hui je suis plus effrayée par le cœur de l’homme qui conspire à utiliser cette bombe que par la bombe elle-même, pourtant capable de détruire l’humanité. De ce désert atomique je crie : aimons-nous les uns les autres, travaillons à établir la paix. »

Dans la lumière d’un jour qui se lève, Takashi écrit ce poème :

Dans un nouveau matin,

Une lumière illumine le champ dévasté.

Que sonne la cloche !

Que la paix s’étende sur les cendres !

Cette cloche aujourd’hui encore, chaque jour, matin, midi et soir, résonne dans Urakami. C’est l’Angélus : « Je vous salue, Marie. »  »

 

Extrait du livre Champ de guerre Chant de paix à Nagasaki – Vie du docteur Takashi Nagai, de Harushi Katayama, membre de l’Institut Notre-Dame de Vie au Japon