Métier de potier

Présentation métier de potier

Par Claire Blanc Mathevon : potière professionnelle depuis 1985

Le métier de potier est riche en découvertes, il permet d’entreprendre une confrontation, puis une association, avec les éléments les plus fondamentaux de notre univers : minéraux, air, eau, feu.

Travailler sur un tour, apaise, permet de se concentrer, de se centrer, aide à se construire…

Faire connaissance avec la matière

Tout est transposable… Quand on ne connait pas, une matière, une personne on commence par essayer de la toucher, prudemment, (par la parole pour une personne, par le toucher pour une matière), on voit ce qui se passe, on essaie, on expérimente et on écoute, on sent, on essaie de comprendre comment cette matière (qui est autre) fonctionne. On apprend à comprendre à respecter.

La terre peut nous donner beaucoup à condition de savoir lui « parler » et de la respecter. Cela enseigne patience et humilité.

Centrer la terre sur le tour c’est se centrer soi-même

Le travail sur le tour commence par le centrage. En effet on ne pourra rien obtenir avant que la boule d’argile tourne de manière stable et régulière au centre de la girelle. Il n’y a pas moyen de demander à la terre de tourner rond au centre de la girelle sans se relier à notre propre immobilité intérieure. Il s’agit d’un vrai travail sur soi, à la recherche de notre stabilité, de notre calme intérieur.

Et quelle sensation de joie et de paix lorsque la boule de terre tourne, immobile entre nos mains !

Travailler sur un tour mobilise toute la personne.

On a besoin de notre esprit pour comprendre l’action qu’on entreprend, le corps aussi est sollicité de manière intense car le geste doit être juste et précis.

Il faut développer une capacité de réaction à ce que l’on sent et voit. On doit être présent totalement.

Travailler l’argile enracine dans le concret, loin du virtuel.

Au tournage l‘argile se travaille à mains nues, sans l’intermédiaire d’un outil. Cela instaure une relation directe et concrète entre la cause (notre geste) et l’effet (le résultat visible sur la terre).

La terre ne triche pas, c’est un miroir qui permet d’ajuster immédiatement notre geste, sa précision, sa force…

L’apprentissage de l’immobilité.

Apprendre à tourner c’est aussi apprendre à faire seulement ce qui est nécessaire et à savoir rester immobile car c’est le tour qui se charge de créer la régularité.

Mais c’est très difficile d’être immobile,

soit parce que notre agitation intérieure ne s’y retrouve pas,

soit parce qu’on veut tout maitriser sans laisser de place au travail de l’autre (en l’occurrence le tour),

soit parce qu’on ne parvient pas à trouver une stabilité intérieure qui le permette…

Les transpositions avec la vie spirituelle sont particulièrement intéressantes.

Cours et des stages de tournage : Claire BLANC MATHEVON : Atelier du Grand Bois

71800 ST CHRISTOPHE EN BRIONNAIS

Tél : 03 85 25 92 16

www.poterie-atelierdugrandbois.fr

Les Jardins du château de Versailles par Stéphanie Bignon

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L’ODYSSÉE DU VISITEUR DES JARDINS OU COMMENT RENDRE À LOUIS XIV CE DONT KAPOOR CROIT S’ÊTRE EMPARÉ…

Dans un livre , « Des jardins vers ailleurs », Vincent Beurtheret nous a expliqué la signification des jardins de Louis XIV, telle que le roi l’a décidé.
Le voyage initiatique du visiteur déjà ébloui par l’atmosphère du lieu commence au nord avec le bassin de Neptune. Vainqueur des océans et de leurs créatures, le voyageur intrépide et courageux échoue sur la plage.
Il est alors brave et avide d’aventures mais mal «dégrossi » et sans finesse. Sa curiosité le pousse vers le sud et il commence à gravir la pente. Les nymphes l’arrêtent sur sa route et le transforment, le civilisent. Il continue son ascension jusqu’aux fenêtres de la chambre du Roi et là un choix crucial se pose :
Continuer vers le sud, dans la direction où le soleil ne va jamais vraiment, vers les fausses gloires et finir comme Marcus Curtius au loin, tout au fond de la pièce d’eau des Suisses ?
Ou se tourner à 90° de sa route initiale pour suivre la véritable course du soleil d’est en ouest et aller, comme le dit Vincent Beurtheret, vers la bonne mort, le soleil couchant ?
Notre visiteur et voyageur, ayant renoncé aux fausses gloires et fait le bon choix, met cap à l’ouest et rencontre en premier lieu Latone au sommet de ce merveilleux bassin.
Elle est accompagnée de ses deux enfants Artémis et Apollon. Latone est tendue vers le ciel, appelant à l’aide. En effet Héra, déesse jalouse, l’a envoyée sur terre pour se débarrasser de sa rivale auprès de Zeus. Notre pauvre jeune mère voudrait donner à boire à ses enfants mais les villageois brouillent l’eau des ruisseaux et des sources pour l’en empêcher. Zeus intervient alors à sa demande et transforme ces villageois en crapauds (symbole de peur de la lumière), en tortues (symbole de repli sur soi) et en grenouilles (symbole de pensée fractionnée)… En un mot il nous est dit « métamorphosez-vous avant que la vie ne s’en charge… car elle s’en chargera ».
Voilà notre voyageur prévenu. Il a pris la bonne direction mais nous sommes avertis avec lui que des efforts nous attendent.
Depuis la fontaine de Latone, l’axe royal vers l’ouest, la bonne mort, la direction idéale de nos vies serait en pente douce et évidente, si nous étions capables de suivre cette « ligne de crête », si nous n’étions pas encore à dégrossir, si nous ne devions pas renaître. Alors nous allons louvoyer entre les bosquets de la vie intérieure à la gauche de Latone et les bosquets de la vie sociale à sa droite pour finalement, tout en descendant vers l’ouest, rejoindre Apollon, dieu de la lumière et des arts, et au-delà rejoindre la croix, formée par le grand canal, celle de Jésus Christ, véritable lumière.
Merci,…merci à Louis XIV qui nous livre grâce à ses jardins, son plus bel héritage et son enseignement. Comment ne pas être bouleversé par Latone en position de grande détresse regardant le Ciel et faisant face à son fils ? Apollon semble lui aussi se ruer au secours de sa mère. Le Père imploré par Latone, le fils venant à son secours, à notre secours et l’Amour d’une mère…. Louis XIV à son tour métamorphose le mythe pour révéler l’essentiel, la Trinité.
Stéphanie Bignon, Juin 2015
Bibliographie: Vincent Beurtheret, Versailles des jardins vers ailleurs, ed Amdg.